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HENRI III LE NOIR (1017-1056) empereur germanique (1039-1056)

À la mort de son père Conrad II le Salien, Henri III, qui avait déjà été désigné et couronné, hérita très normalement de la couronne. Il avait reçu une éducation religieuse assez soignée et s'était convaincu de l'importance de ses fonctions. Il veilla donc au cours de son règne à maintenir la paix dans l'Empire (trône de Dieu) et sur les frontières, comme en Pologne ou en Bohême. S'il respectait la papauté et les dignités ecclésiastiques, il n'en était pas moins assuré que les deux pouvoirs, le spirituel et le temporel, étaient liés selon le système ottonien, et garantis par l'empereur.

Il encouragea donc une réforme de l'Église, c'est-à-dire de la papauté à Rome ; celle-ci était tombée en profonde décadence, à la suite de la vente de sa dignité pontificale par Benoît IX à Grégoire VI, tandis qu'un troisième pape, Sylvestre III, leur était opposé. Avec l'aide de l'abbé de Cluny, Odilon, et de Pierre Damien, Henri III les fit tous déposer pour simonie, obtint l'élection d'un évêque allemand, Clément II, qui le couronna empereur (Noël 1046). Le nouveau pape entreprit la réforme de l'Église (synode de 1047). Ses successeurs, Damase II et surtout Léon IX (ancien évêque de Toul) poursuivirent cette œuvre en étroite collaboration avec l'empereur.

En 1043, Henri épousait Agnès de Poitiers, de la famille des ducs d'Aquitaine, sans doute les plus puissants seigneurs du temps. Ceux-ci, qui avaient permis la fondation de Cluny sur des terres leur appartenant, protégeaient cette abbaye, devenue au milieu du xie siècle la plus riche d'Occident. Henri III l'aida à se développer en direction de l'Allemagne, contribuant ainsi à réformer les structures ecclésiastiques de l'Empire.

Comme ses prédécesseurs, il distribua duchés et comtés à des grands, évitant pourtant de les choisir parmi les familles d'une même nation. Cela ne suffit pas à réduire toutes les ambitions : Godefroi le Barbu accepta mal de ne recevoir que la Basse-Lorraine (1044) à la mort de son père ; il se souleva, perdit sa terre et crut reprendre force en épousant Béatrice de Toscane, qui revendiquait pour sa fille Mathilde toutes les terres d'Italie qui avaient appartenu à son premier mari.

Henri III avait fait élire et couronner roi des Romains (1053-1054) son fils Henri, qui lui succéda à la tête de l'Empire germanique lorsqu'il mourut trois ans plus tard. La mort de Henri III marque la fin de l'Empire prégrégorien (antérieur à la réforme grégorienne) et le déclin de la tradition ottonienne.

— Anne BEN KHEMIS

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis

Classification

Pour citer cet article

Anne BEN KHEMIS. HENRI III LE NOIR (1017-1056) empereur germanique (1039-1056) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale

    • Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
    • 14 136 mots
    • 7 médias
    L'apogée de la dynastie franconienne correspond au règne du fils de Conrad, Henri III (1039-1056). Il lutta victorieusement contre les princes allemands, affermit son autorité dans le bassin rhodanien, joua un rôle actif en Occident, fit reconnaître sa suzeraineté par les pays slaves (Poméranie, Pologne,...
  • CONRAD II LE SALIQUE (990 env.-1039) empereur germanique (1027-1039)

    • Écrit par Universalis, Peter MUNZ
    • 747 mots

    Roi, puis empereur germanique inaugurant la dynastie franconienne, né vers 990, mort le 4 juin 1039, à Utrecht.

    Fils du comte Henri de Spire, qui avait été écarté de son héritage, le jeune Conrad naît sans fortune et reçoit une éducation rudimentaire, mais il est bientôt déterminé à retrouver son...

Voir aussi