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AMIEL HENRI-FRÉDÉRIC (1821-1881)

L' essentiel de l'œuvre aujourd'hui reconnue d'Amiel est son Journal intime, dont il n'avait publié de son vivant que de courts extraits. En ce sens, sa figure littéraire a été totalement modifiée, et même révélée, par la postérité, et il peut faire figure d'écrivain pur, à la fois séparé de son œuvre, dont il ne pouvait connaître la figure à venir, et consubstantiel à elle, puisque depuis son adolescence, ou presque, elle a été l'œuvre de chacun des jours de sa vie.

Les jours d'une vie

Né le 27 septembre 1821 à Genève, où il meurt le 11 mai 1881, Amiel perdit sa mère quand il avait onze ans. Deux ans plus tard, son père se jette dans le Rhône. À dix-neuf ans, il découvre Oberman, de Senancour, où il reconnaît si bien ses émotions qu'il en abandonne la lecture. Élevé par un oncle, il part en 1844 pour l'université de Berlin, où il suit les cours, entre autres, de Trendelenburg et de Schelling. En 1849, il est nommé professeur de littérature française et d'esthétique à l'académie de Genève (plus tard université), puis il y enseigne l'histoire de la philosophie, et la philosophie. De son propre aveu, sa carrière n'est pas une réussite ; il se plaint dans son Journal de ne pas parvenir à préparer convenablement ses cours, à les composer, à intéresser son public. Il échoue de même à réaliser l'essentiel de ses projets littéraires, dont ne subsistent que des listes ambitieuses (une « Phénoménologie de l'esprit », un « Art de la vie »), et publie cependant des articles, en particulier littéraires (sur Rousseau, sur Mme de Staël), et des recueils de vers (Grains de mil, en 1854 ; Il Penseroso, en 1858 ; La Part du rêve, en 1863 ; Jour à jour, en 1880). On note enfin qu'il entreprend des traductions de poètes, aux alentours de 1876 (Chamisso, Goethe, Heine, Hölderlin, Leopardi, Byron, Camoens, Petöfi), et qu'il compose, en 1857, deux hymnes patriotiques qui ont compté dans l'histoire helvétique. On peut considérer aussi, comme il l'a fait lui-même, qu'il a échoué à se marier et à fonder un foyer (ce terme de « foyer » a pour lui toute sa valeur de centre, de point focal), ce dont témoignent, dans son Journal, des « délibérations matrimoniales » très développées et insistantes, portant soit sur des candidates possibles, détaillées individuellement quant à leurs qualités et défauts (« le mieux serait une protestante avec du sang catholique dans les veines... »), soit sur l'option même du mariage, comparée de façon générale à celle du célibat, avec des tableaux systématiques de « raisons pour » et de « raisons contre ». L'hésitation sur le seuil du mariage revient périodiquement chez Amiel, jusque tard dans sa vie. Elle marque un point douloureux, où se manifestent un désir profond et un refus également profond de s'engager ; on pense à d'autres célibataires : Kierkegaard, Flaubert, Nietzsche, Kafka. De 1848 à 1869, Amiel vit chez sa sœur Fanny et son beau-frère, puis en pension. Il a des collègues, des amis, dont le philosophe Ernest Naville, des élèves et des admiratrices, comme l'institutrice Fanny Mercier.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

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