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HARPE

Instrument à cordes pincées, de longueur décroissante, tendues entre un bras (console) et un résonateur (table d'harmonie) en forme de tronc de cône et perpendiculaire ou presque au plan des cordes. Le principe de la harpe est connu depuis la plus haute Antiquité. On distingue schématiquement : les harpes cintrées ou arquées (Sumer, plusieurs pays d'Afrique, Birmanie, Finlande), où la console part du corps et forme avec lui une courbe ; les harpes triangulaires (pays celtes, Irlande), où le corps et la console sont fixés selon un certain angle et reliés par une colonne ou pilier afin de compenser la tension des cordes. Les harpes dépourvues de colonne possèdent une tension de cordes relativement faible, ce qui leur fait émettre un son plus bas que les harpes qui en sont munies. Le perfectionnement des harpes triangulaires médiévales conduisit à la fabrication d'une console incurvée et d'une colonne très bombée. Vers 1400, cette forme fut supplantée par celle de la harpe dite gothique (à caisse de résonance plus courte et plate, à console de faible longueur et peu incurvée, à colonne plus fine et presque droite ; la progression en était diatonique) ; la harpe moderne d'orchestre est née de l'évolution de cette dernière. Après les premiers essais (xvie s.) de harpes chromatiques (par exemple, la harpe double, à deux rangs de cordes, et la harpe galloise triple, à trois rangées), après la harpe à simple mouvement de Hochbrücker (1720), où des crochets mus par pédales raccourcissent les cordes d'un demi-ton, Sébastien Érard (1811) mit au point le mécanisme à double mouvement : chacune des sept pédales, correspondant aux sept degrés de la gamme, permet de faire monter les cordes d'un demi-ton ou d'un ton ; on a donc les trois positions : bémol, bécarre et dièse pour chaque corde.

Portrait de Juliette de Villeneuve, J. L. David - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Juliette de Villeneuve, J. L. David

L'étendue de la harpe — la plus grande tessiture après celle de l'orgue et du piano — est de six octaves et demie, répartie sur quarante-cinq à quarante-huit cordes, à partir de do bémol1. La harpe est particulièrement volubile dans les arpèges (arpeggio vient d'ailleurs de arpa, en italien), les gammes diatoniques, les glissandos. On produit les sons harmoniques en touchant le milieu de la corde avec le gras du pouce d'une main, tandis que l'autre pince la corde à l'aigu de celle-ci. L'instrument possède en outre un effet propre, le bisbigliando : sorte de trémolo sur une seule note, jouée sur deux cordes différentes pincées à l'aide des deux mains. La harpe est un instrument de choix en musique de chambre. Elle fut incorporée à l'orchestre ou dialogua avec lui (concertos de Mozart, Haendel, J.-C. Bach, Boieldieu...) dès le xviiie siècle. C'est surtout le siècle romantique qui a véritablement commencé à la mettre en valeur.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. HARPE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Portrait de Juliette de Villeneuve, J. L. David - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Juliette de Villeneuve, J. L. David

Autres références

  • HARPE, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 1 026 mots
    • 4 médias

    Instrument à cordes pincées, la harpe moderne est constituée de plus de 1 400 pièces. Elle est dotée de 47 cordes et de 7 pédales, correspondant aux sept notes d'une gamme diatonique ; à trois positions, ces pédales sont fixées sur la partie basse d'une caisse de résonance et munies...

  • HARPE À CADRE

    • Écrit par Universalis
    • 274 mots

    Instrument de musique dans lequel la console et la caisse de résonance sont réunies par une colonne de soutien, qui s'arc-boute contre la tension des cordes. C'est l'une des principales formes de harpe et, aux temps modernes, on la trouve exclusivement en Europe et chez les Ostiaks,...

  • HARPE ANGULAIRE

    • Écrit par Universalis
    • 220 mots

    Dans la harpe angulaire, qui est une des principales variétés de harpe, le manche forme un angle net avec le résonateur ou la caisse de résonance. Les représentations les plus anciennes de harpes angulaires proviennent de Mésopotamie vers 2000 avant Jésus-Christ. En Égypte, plus particulièrement,...

  • HARPE ARQUÉE

    • Écrit par Universalis
    • 270 mots

    La harpe arquée est un instrument de musique dans lequel le manche, issu de la caisse de résonance, adopte une forme arquée. Il s'agit de l'une des principales formes de la harpe, et probablement aussi de la plus ancienne : des représentations de harpes arquées datant d'environ 3 000 ans avant Jésus-Christ...

  • HARPE IRLANDAISE

    • Écrit par Universalis
    • 283 mots

    La harpe dite irlandaise (cláirseach en irlandais, clàrsach en gaélique écossais), est une harpe traditionnelle médiévale d'Irlande et d'Écosse caractérisée par une importante caisse de résonance creusée d'un seul bloc dans du bois, une console incurvée et une colonne fortement incurvée vers l'extérieur,...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi