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ANDRÁSSY GYULA comte (1823-1890)

Homme d'État hongrois né à Košice (Slovaquie), Gyula Andrássy appartient à une vieille famille dont l'idéal fut toujours la défense des libertés nationales. Tout jeune, il se lie avec Kossuth, dont il approuve alors les tendances radicales. Après des études de droit à Pest, il participe à la vie politique locale et représente sa circonscription (comitat) de Zemplen à la diète de Presbourg de 1847 ; s'il accueille favorablement la révolution de mars 1848, son enthousiasme est néanmoins tempéré par les leçons qu'il avait retirées d'un voyage d'études en Europe occidentale. Aussi, contrairement à beaucoup de ses compatriotes, il comprend que la Hongrie, ne pouvant rester isolée, a absolument besoin de l'appui de la nation allemande ; c'est pourquoi toute sa vie Andrássy reste un partisan convaincu de l'alliance autrichienne. Au cours de la révolution de 1848, il ne joue, à vrai dire, qu'un rôle de second plan. D'abord commandant d'un bataillon de volontaires, il représente ensuite le gouvernement de Kossuth à Istanbul. Cette mission diplomatique lui ouvre le chemin de l'exil, qui le conduit d'abord à Londres puis à Paris. Durant neuf ans, il réfléchit aux moyens de restaurer la liberté et l'indépendance de son pays, mais il se tient à l'écart de Teleki et de Kossuth ; il se persuade finalement de la nécessité de parvenir à un accord avec les Habsbourg. C'est là le secret de sa réussite : combattant de 1848, condamné à mort par un conseil de guerre autrichien en 1851, il a la confiance des patriotes, mais, modéré et germanophile, il souhaite en même temps collaborer avec la maison d'Autriche et la nation allemande.

Gracié, il rentre en Hongrie en 1858, mais n'est pas satisfait des premières concessions accordées par l'Autriche, le traité d'octobre 1860 ne reconnaissant ni la situation particulière de la Hongrie dans la monarchie danubienne ni les lois constitutionnelles hongroises. Or, si Andrássy est attaché au respect du droit d'État, il est hostile à une solution fédérale qui accorderait les mêmes droits aux Tchèques qu'aux Hongrois. Nommé vice-président de la diète en 1865, c'est lui qui négocie, avec François Deak, le compromis de 1867. Pour garantir l'indépendance respective de l'Autriche et de la Hongrie dans le cadre de la double monarchie, il imagine le système des deux délégations qui, désignées par les Parlements de Vienne et de Budapest, voteraient le budget commun.

Au cours des négociations, sa bonne foi et sa loyauté séduisent l'empereur François-Joseph, au point que celui-ci le nomme premier président du Conseil de la Hongrie restaurée. La tâche qui s'offre à lui est considérable, car s'il dispose de la majorité au Parlement hongrois, il lui faut créer de toutes pièces un État moderne à partir d'institutions médiévales. Il doit en outre lutter contre les forces d'opposition, les patriotes intransigeants, fidèles à Kossuth, qui veulent l'indépendance complète et les minorités nationales : Croates, Serbes, Slovaques, Roumains et Allemands.

Il réussit si vite et si bien qu'il joue un rôle décisif, au nom de son pays, dans la crise européenne de l'été 1870. Il s'oppose en effet à l'entrée en guerre de l'Autriche-Hongrie aux côtés de la France. Cette intervention consacre l'échec de la politique de revanche contre la Prusse ; le chancelier Beust démissionne et Andrássy lui succède en novembre 1871. C'est la première fois qu'un Hongrois devient ministre des Affaires étrangères de la monarchie depuis 1526. Il entreprend, avec l'appui de l'empereur François-Joseph, une politique nouvelle : l'Autriche-Hongrie renonce à tout espoir de revanche en Allemagne pour s'engager dans les Balkans, se préparant ainsi à devenir le « brillant second » de l'Empire allemand. En dépit[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER. ANDRÁSSY GYULA comte (1823-1890) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HONGRIE

    • Écrit par Jean BÉRENGER, Lorant CZIGANY, Universalis, Albert GYERGYAI, Pierre KENDE, Edith LHOMEL, Marie-Claude MAUREL, Fridrun RINNER
    • 32 134 mots
    • 19 médias
    ...Schwarzenberg ne fut victorieuse que grâce à l'aide des armées russes. La répression fut féroce ; la plupart des dirigeants qui n'avaient pas réussi, comme Gyula Andrássy ou Kossuth, à fuir en Turquie furent exécutés (des généraux, des ministres) et la Hongrie fut réduite au rang de province autrichienne,...

Voir aussi