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PIATAKOV GUEORGUI LEONIDOVITCH (1890-1937)

Brillant administrateur, l'un des grands organisateurs de l'industrie soviétique, Piatakov est nommé dans le testament de Lénine parmi les six « héritiers ».

Fils d'un fabricant de sucre de Kiev, Piatakov, d'abord anarchiste, adhère au P.O.S.D.R. en 1910, alors qu'il fait ses études à Saint-Pétersbourg. Assigné à résidence à Kiev, puis arrêté en juin 1912, il s'évade en octobre 1914. En Suisse, il fait la connaissance de Lénine dont il devient le collaborateur. Il constitue en 1915, avec Boukharine et Evguenia Bosch, le groupe des communistes de gauche : internationalistes intransigeants, ils s'opposaient au mot d'ordre d'autodétermination nationale formulé par Lénine. Rentré en Russie après la révolution de Février, Piatakov devient le leader des communistes ukrainiens. Remarquable organisateur, faisant preuve d'une grande énergie, il est élu président du soviet de Kiev, puis du Comité militaire révolutionnaire. Rappelé en 1918 à Moscou pour diriger la banque d'État, communiste de gauche, favorable à la guerre révolutionnaire, il démissionne de toutes ses fonctions dès que sont connues les conditions de la paix de Brest-Litovsk. En mars 1918, il est désigné par les communistes de gauche et les socialistes révolutionnaires de gauche comme le successeur de Lénine qu'ils veulent destituer. Renvoyé en Ukraine, il est le fondateur du Parti communiste ukrainien et du premier gouvernement soviétique de cette République, qui devient le fief des communistes de gauche.

Bien que les thèses de Piatakov concernant la question nationale aient été condamnées par le VIIIe congrès du P.C.U.S., son autorité reste inentamée en Ukraine. Durant la guerre civile, Trotski lui confie d'importantes responsabilités au sein de l'Armée rouge ; il les assure brillamment. Élu en 1921 candidat au comité central, Piatakov devient en 1922 président du tribunal suprême et dirige le procès des socialistes révolutionnaires. En 1923, l'Internationale communiste l'envoie en Allemagne avec Radek pour préparer l'insurrection. Nommé vice-président du conseil supérieur de l'Économie nationale, favorable à l'industrialisation à outrance, il est l'un des principaux porte-parole de l'Opposition de gauche puis de l'Opposition unifiée. Il signe la Déclaration des 46 en octobre 1923. Exclu du parti en 1927, il est nommé à la délégation commerciale à Paris. Lorsque Staline adopte en 1928 le programme d'industrialisation accélérée, Piatakov demande sa réintégration. Il devient président de la banque d'État et, en 1930, adjoint d'Ordjonikidzé au commissariat de l'Industrie lourde. Il apporte une contribution capitale aux deux premiers plans quinquennaux de superindustrialisation. Réélu au comité central lors du XVIIe congrès en 1934, il approuve, en 1936, l'exécution de Kamenev et de Zinoviev. Quelques jours plus tard, il est lui-même arrêté par le N.K.V.D. qu'il venait de féliciter publiquement pour sa vigilance. Accusé principal du second procès de Moscou en janvier 1937, il est condamné à mort et exécuté.

— Claudie WEILL

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Écrit par

  • : chercheur à l'École pratique des hautes études

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Claudie WEILL. PIATAKOV GUEORGUI LEONIDOVITCH (1890-1937) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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