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GROUPE DES DIX

À l'occasion des difficultés monétaires internationales des années 1960, il est devenu nécessaire d'organiser une collaboration étroite entre les autorités des principaux pays industrialisés du monde occidental, dans un cadre moins vaste et moins officiel que celui du F.M.I. ou de l'O.C.D.E. Ainsi, forts de l'expérience du pool de l'or créé au printemps de 1961, les représentants des banques centrales de dix pays réunis la même année à Vienne (république fédérale d'Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, France, Japon, Suède, États-Unis, Canada, Royaume-Uni) prirent l'initiative d'accroître les ressources insuffisantes du F.M.I. en signant avec ce dernier des « accords généraux d'emprunt » ; ceux-ci mettaient à la disposition du Fonds, en cas de besoin, un montant supplémentaire de 6 milliards de dollars en leurs propres monnaies nationales (ce qui est différent d'une augmentation des quotas, où chaque pays aurait dû verser de l'or et des devises). Il s'agissait surtout de venir en aide au Royaume-Uni et aux États-Unis, dont les balances des paiements étaient déséquilibrées par des déplacements massifs de capitaux. Aussi les pays européens y virent-ils, en fait, un moyen de renforcer leur pouvoir de négociation vis-à-vis de leurs partenaires anglo-saxons et d'exercer un certain contrôle sur l'utilisation des concours du Fonds.

Les difficultés persistantes du système monétaire international vont, en 1963, confirmer ces pays dans leur désir de se constituer définitivement en groupe des Dix (en fait onze, si l'on compte la Suisse, admise à participer en tant qu'observateur à partir de 1964) pour étudier la situation des paiements internationaux, déterminer les besoins futurs des réserves internationales et préparer à l'intention du F.M.I. des propositions de réforme. Dès lors, malgré l'absence de structure permanente et avec un statut purement consultatif, mais bénéficiant du concours des organismes officiels existants, F.M.I., B.R.I., O.C.D.E., qui lui communiquent études et informations et assurent le secrétariat de ses réunions, le groupe n'a cessé de jouer un rôle important. Ainsi son refus de continuer à prêter son concours au Royaume-Uni pour combler le déficit persistant de sa balance des paiements a entraîné la dévaluation de la livre en novembre 1967 ; en 1969, il arriva à un compromis entre les points de vue opposés des participants (France et États-Unis notamment) et proposa au F.M.I. l'institution des droits de tirage spéciaux (D.T.S.). Résistant à la pression des États-Unis qui désiraient voir les autres pays participants réévaluer leurs monnaies, le groupe favorisa aussi la réunion de la conférence des Açores et les accords de Washington qui entérinèrent, en décembre 1971, la dévaluation du dollar de 7,89 p. 100.

Cependant, irrités du pouvoir exercé par ce groupe et prenant prétexte de l'élimination anormale des pays sous-développés de réunions qui cherchaient à définir les conditions de l'équilibre monétaire international, les États-Unis obtinrent en juillet 1972 d'accroître le nombre des participants. Cela aboutit à la constitution, au sein du F.M.I., d'un groupe des Vingt (c'est-à-dire le groupe des Dix élargi aux pays suivants : Inde, Brésil, Maroc, Éthiopie, Argentine, Mexique, Zaïre, Australie, Indonésie, Irak), chargé plus spécialement de l'étude des réformes nécessaires du système monétaire international et permettant ainsi aux pays non industrialisés d'exprimer leurs préoccupations. Les travaux de ce groupe, également dénommé comité des Vingt ou comité intérimaire, s'ils n'ont pas permis de rebâtir le système monétaire international autour d'un F.M.I. qui serait devenu sa banque centrale, ont préparé la conférence de la Jamaïque[...]

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Jean-Paul HUET. GROUPE DES DIX [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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