Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BERLICHINGEN GÖTZ VON (1480-1562)

Représentant typique de la chevalerie d'Empire au temps des débuts de la Réforme, Götz von Berlichingen a connu un prestige posthume grâce au drame de Goethe qui porte son nom (1772). C'est un aventurier qui a participé à de nombreuses expéditions militaires, ce qui lui a valu de perdre la main droite, remplacée par une main de fer. Élevé à la cour du margrave Frédéric de Brandebourg, il se montre toute sa vie favorable à la noblesse et hostile aux villes. Il participe à la guerre contre les Suisses (1499) et à la guerre de la Succession de Bavière. En raison de nombreuses guerres privées, il est mis deux fois au ban de l'Empire. Devenu bailli au Wurtemberg, il est fait prisonnier lors de la conquête du duché par la Ligue souabe, qui le maintient trois ans en captivité. Il ne participe pas à la révolte nobiliaire de 1522. Élu capitaine par les paysans insurgés de l'Odenwald, il accepte cette tâche non par solidarité ou comme combattant pour la liberté, mais par désir de tempérer l'ardeur révolutionnaire des paysans dans l'intérêt de la noblesse. Il contribue en particulier à la déclaration d'Amorbach, un commentaire restrictif des 12 articles, la charte des insurgés. Sous prétexte que son temps de service est écoulé, il abandonne son armée avant la bataille décisive contre la Ligue souabe. L'âge aidant, il se retire, après avoir adhéré à la Réforme, dans ses châteaux situés près du Neckar et se consacre à la gestion de ses nombreux domaines. Il se met pourtant encore deux fois au service de Charles Quint, contre les Turcs en 1542 et contre la France en 1544. Son autobiographie, publiée en 1731 à Nuremberg, constitue la source du drame de Goethe ; appartient toutefois en propre à Goethe l'idéalisation du héros (dont la dernière parole en mourant est Liberté !), ainsi que sa fin tragique.

Plus près de nous, dans Le Diable et le Bon Dieu (1951), Sartre a pris plus de distance encore pour son Goetz avec la réalité historique du chevalier à la main de fer ; il a seulement retenu pour donnée de base le choix de Berlichingen comme capitaine par les paysans de l'Odenwald.

— Bernard VOGLER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur d'histoire de l'Alsace à l'université de Strasbourg-II

Classification

Pour citer cet article

Bernard VOGLER. BERLICHINGEN GÖTZ VON (1480-1562) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PAYSANS GUERRE DES

    • Écrit par Georges LIVET
    • 1 731 mots
    ...lequel s'empare de Lorch et du château de Hohenstaufen, rejoint la troupe de l'aubergiste Feuerbacher et négocie avec Ulrich. À Boeblingen et à Sindelfingen, Truchsess est victorieux. Goetz vonBerlichingen, chef des rustauds, se rallie ; les agitateurs Hipler et Metzler sont défaits à Koenigshoffen.