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CLEMENCEAU GEORGES (1841-1929)

<it>Georges Clemenceau</it>, É. Manet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Georges Clemenceau, É. Manet

Issu d'une famille de la bourgeoisie vendéenne de tradition républicaine, Georges Clemenceau fait des études de médecine, séjourne de 1865 à 1869 aux États-Unis avant d'entrer véritablement dans la carrière politique. Maire de Montmartre en septembre 1870, puis du XVIIIe arrondissement, il est élu le 8 février 1871 député à l'Assemblée nationale, y siège à l'extrême gauche et en démissionne pendant la Commune. La même année, il devient conseiller municipal, puis président du conseil municipal de Paris en 1875. Il est élu député dans le XVIIIe arrondissement en 1876 sur un programme comportant : suppression de l'état de siège, instruction primaire obligatoire et laïque, séparation des Églises et de l'État. Après 1877, il se sépare des opportunistes et dirige le petit groupe d'extrême gauche d'où sortira le Parti radical. La violence de ses discours et l'adresse de son intelligence font de lui un « tombeur de ministères » : celui de Gambetta, puis celui de Ferry, au nom du patriotisme intégral contre la politique coloniale. Il fonde un journal : La Justice. À partir de 1885, il représente le Var à l'Assemblée. Il soutient la carrière politique du général Boulanger à ses débuts. À la fois autocrate et libertaire, il multiplie les mots et les duels. En 1893, il est battu aux élections après avoir été impliqué dans le scandale de Panamá. Éditorialiste à L'Aurore, le 13 janvier 1898 il y publie la lettre de Zola « J'accuse », à propos de l'affaire Dreyfus. En 1902, le Var l'envoie au Sénat, qu'il a violemment combattu : « Le Sénat [...] c'est la résistance au mouvement, l'immobilité, la réaction. » Dans le cabinet Sarrien (1906), il est ministre de l'Intérieur.

La même année, le « Jacobin » Clemenceau accède à la présidence du Conseil et appelle à son gouvernement le socialiste indépendant Viviani pour qui il crée le ministère du Travail chargé d'appliquer une série de réformes dans le sens de la justice sociale (limitation du temps de travail, assurance vieillesse). Le nouveau président a un vaste plan de réformes pour tous les secteurs de la vie nationale, et il est appuyé par une écrasante majorité du Bloc des gauches à la Chambre. Mais la C.G.T., où les « révolutionnaires » viennent de triompher des « réformistes », suscite contre lui une vague de grèves. Celui qui s'est proclamé le « premier des flics » ne supporte pas cette agitation et la réprime durement. Vignerons du Midi, instituteurs, fonctionnaires, armée protestent à leur tour, et les socialistes se désolidarisent des radicaux qui rendent leur chef responsable de cette cassure. Ne voulant ni se rapprocher de la droite, ni pratiquer la politique demandée par la gauche, et brouillé avec Jaurès qui est devenu le porte-parole de celle-ci, Clemenceau, muré dans son intransigeance, est renversé en juillet 1909 par ceux qu'il appelait avec mépris les « muets du sérail » (radicaux).

Il entre en 1909 dans l'opposition, aux côtés de Caillaux et de Briand. Il fonde un nouveau journal, L'Homme libre, qui devient bientôt L'Homme enchaîné, et dans lequel il combat tous les gouvernements qui se succèdent jusqu'en 1917. Mais, le 16 novembre 1917, il prend la direction du gouvernement et « fait la guerre ». Sa popularité est immense et, pour une génération d'hommes, il incarne l'histoire même de notre pays. À la chute du cabinet Painlevé, Poincaré fait le « choix inévitable » de celui dont le programme se résume en une phrase : « Je fais la guerre ». Churchill, qui était présent le jour de la présentation de son gouvernement à la Chambre, écrira : « Tout autour de lui était une assemblée qui eût tout fait pour éviter de l'avoir là, mais qui, l'ayant mis là, sentait qu'elle devait obéir. »[...]

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

Pour citer cet article

Armel MARIN. CLEMENCEAU GEORGES (1841-1929) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Georges Clemenceau</it>, É. Manet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Georges Clemenceau, É. Manet

Rencontre pour préparer la paix, 1918 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Rencontre pour préparer la paix, 1918

Société des Nations - crédits : The Image Bank

Société des Nations

Autres références

  • BLASPHÈME

    • Écrit par Thomas HOCHMANN
    • 7 019 mots
    • 5 médias
    ...l’intérêt qu’elles visent à protéger. On observe ainsi qu’il s’agit rarement de protéger la divinité elle-même. « Dieu se défendra bien lui-même », affirmait Clemenceau au Parlement lors du vote de la loi sur la liberté de la presse de 1881, « il n’a pas besoin pour cela de la Chambre des députés ». Dans un...
  • DREYFUS (AFFAIRE)

    • Écrit par Vincent DUCLERT
    • 4 892 mots
    • 3 médias
    ...protection des citoyens, fut progressivement assumée, en l'absence de volonté politique, par des artistes, des écrivains et plus encore des savants que Georges Clemenceau, directeur de L'Aurore, l'un des rares journaux « dreyfusards » avec Le Siècle et Les Droits de l'homme, baptisa...
  • FERRY JULES (1832-1893)

    • Écrit par Jean GARRIGUES
    • 2 151 mots
    • 1 média
    ...expéditions, de la droite nationaliste, qui y voit l'abandon de la préparation de la revanche sur l'Allemagne, et aussi de la gauche radicale, incarnée par Georges Clemenceau, qui s'y oppose violemment au nom de la morale et au nom du réarmement national. L'évacuation de la ville de Lang Son par les...
  • GRÈVE

    • Écrit par Universalis, Hélène SINAY
    • 12 540 mots
    • 8 médias
    ...de fond en comble les structures de la société et anéantira, comme l'avait prévu la charte d'Amiens, patronat et salariat tout à la fois. C'est Clemenceau qui va se faire « briseur de grèves », malgré ses origines gauchisantes et un radicalisme initial si véhément lorsqu'il était dans l'opposition....
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Voir aussi