WASHINGTON GEORGE (1732-1799)
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Le plus illustre des pères fondateurs de la démocratie américaine, immortalisé par la capitale du nouvel État et de nombreuses autres localités qui portent son nom, Washington ne paraissait nullement destiné à la réputation prodigieuse qu'il acquit et à l'influence qu'il exerça par la suite. De tous ses contemporains et collaborateurs, Madison, Hamilton, Franklin, Jefferson, il était certainement le moins brillant, intellectuellement parlant, le moins imaginatif, le plus conservateur sur le plan social. Mais il possédait deux qualités fondamentales dans l'exercice du pouvoir civil et le commandement des armées, la ténacité et le sens des réalités. Il n'en fallut pas davantage pour en faire le premier chef de l'État nouveau et le proposer en modèle à la société américaine.
Le vainqueur de la guerre d'Indépendance
Né en Virginie en 1732, George Washington appartenait à une famille de planteurs de modeste aisance, établie depuis un siècle environ dans le Nouveau Monde. Orphelin de père à onze ans, George fut élevé par son demi-frère, Lawrence, qui lui légua une partie de son domaine, Mount Vernon, sur les rives du Potomac. George semblait ainsi promis à l'existence simple et monotone de gentleman farmer. Son instruction se borna à ce qu'il apprit lui-même dans les ouvrages, surtout scientifiques et militaires, qu'il avait à sa disposition et dans les leçons qu'il tira de son expérience d'arpenteur dans les zones montagneuses de Virginie.
Gilbert Stuart (1755-1828), George Washington. 1795-1796. Huile sur toile. 243,8 cm X 152,4 cm. Brooklyn Museum of Art, New York, États-Unis.Le peintre américain Gilbert Stuart a réalisé au moins 114 portraits de George Washington. Tous dérivent de trois modèles, exécutés en 1795-1796,...
Crédits : Bridgeman Images
Portrait de George Washington, G. Stuart
Gilbert Stuart, Portrait de George Washington. 1795-1796. Huile sur toile. 121,9 cm x 94 cm. Musée des Beaux-Arts, Boston, États-Unis et The National Portrait Gallery, Smithsonian Institution, Washington.
Crédits : Courtesy, Museum of Fine Arts, Boston, États-Unis. William Francis Warden Fund, John H. and Ernestine A. Payne Fund, Commonwealth Cultural Preservation Trust
Cependant, le début de la guerre contre la France et les Indiens, connue en France sous le nom de guerre de Sept Ans, fit de lui un officier de l'armée britannique (dès 1754, il reçut une commission de lieutenant-colonel) et l'opposa aux forces françaises retranchées au fort Duquesne, le futur Pittsburgh. Après un premier échec en 1755, il participa, à la tête de la milice de Virginie, au siège et à la reddition du fort, en 1758. Puis, la guerre finie pour lui, il revint à Mount Vernon pour y reprendre son existence de planteur.
Son expérience militaire le fit désigner, en 1775, par le Congrès continental pour exercer le commandement de la nouvelle armée continentale, appelée à lutter contre l'occupant britannique. C'est dans ces fonctions que Washington déploya le mieux ses possibilités mais aussi montra ses limites. Tout était à faire, car en face de troupes organisées et bien commandées n'existaient que des milices indisciplinées, pourvues d'armes et d'équipements insuffisants et médiocres. La tactique de Washington consista à éviter les affrontements et à ménager ses forces en attendant de posséder la supériorité. Jusqu'en 1777, il retraita prudemment, préférant perdre des positions inutiles plutôt que des troupes. L'hiver de 1777-1778, passé dans le camp retranché de Valley Forge, aux portes de Philadelphie, dans un très grand dénuement, marqua le tournant des campagnes, car c'est là qu'il put refaire ses forces avec l'aide de Prussiens et de Polonais, en attendant l'intervention française. Grâce à elle, il sut préparer une opération combinée entre la marine et l'armée de terre, destinée à encercler les forces britanniques à Yorktown où elles se rendirent (1781). Patiemment, sans actions d'éclat, Washington avait réussi à vaincre un adversaire plus puissant, mais peu préparé à une guerre d'usure, et à donner à son pays l'indépendance. La paix signée, en 1783, il termina pour la seconde fois sa carrière militaire et se retira à Mount Vernon pour reprendre la direction de sa plantation.
Lord Cornwallis (1738-1805) rend son épée aux Américains et aux Français après sa défaite de Yorktown, le 19 octobre 1781.
Crédits : MPI/ Getty Images
Même s'il avait espéré sincèrement quitter la vie publique, son prestige était si grand que ses contemporains le considéraient comme un héros, le vainqueur de la guerre d'Indépendance. Bien qu'il n'eût jamais participé à la direction politique du pays, il fut spontanément choisi comme président de la Convention réunie à Philadelphie en 1787 pour rédiger une constitution. Deux ans plus tard, un vote unanime le désigna comme président de la République pour quatre ans, et il fut reconduit dans ces fonctions pour un mandat de même durée en 1792. Une nouvelle carrière s'ouvrit ainsi pour Washington. C'est dans l'exercice de la présidence qu'il marqua le plus l'histoire et la société de son pays.
Accueilli en héros, George Washington (1732-1799) arrive à New York en avril 1789. Il est le premier président des États-Unis.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
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Écrit par :
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Pour citer l’article
Claude FOHLEN, « WASHINGTON GEORGE - (1732-1799) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/george-washington/