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GÉOMAGNÉTISME ou MAGNÉTISME TERRESTRE

Modélisation géomagnétique

Le champ géomagnétique est la superposition de plusieurs champs, générés par des sources différentes. Par conséquent, il est difficile d’interpréter une mesure isolée du champ géomagnétique : quelle partie provient du champ magnétique du noyau, des courants de la croûte terrestre ou des courants électriques externes à la Terre ? Une approche couramment utilisée pour résoudre ce problème consiste à calculer une représentation mathématique du champ, appelée « modèle géomagnétique », séparant les contributions des différentes sources.

Les modèles géomagnétiques font appel à des outils mathématiques complexes qui sortent du cadre de cet article.

Plusieurs groupes de recherche dans le monde calculent régulièrement de nouveaux modèles de champ à partir des données magnétiques les plus récentes. Certains de ces modèles sont destinés à un usage opérationnel, par exemple le World Magnetic Model (W.M.M.), développé conjointement par la National Oceanic and Atmospheric Administration (N.O.A.A.) américaine et le British Geological Survey, qui est implanté notamment dans les logiciels de vols utilisés par l’aviation civile mais aussi dans les smartphones dotés d’un compas magnétique. Des modèles à plus haute résolution sont développés pour l’étude du champ magnétique de la croûte. Tous les cinq ans, la communauté scientifique internationale calcule un modèle de référence appelé International Geomagnetic Reference Field (I.G.R.F.), qui décrit très précisément le champ géomagnétique interne et la variation séculaire de ce champ pour les cinq années suivantes. Le dernier modèle de ce type, l’I.G.R.F.-12, a été calculé à la fin de 2014 avec une validité jusqu’en 2020 ; il succède à l’I.G.R.F.-11 qui datait de décembre 2009.

Le champ magnétique du noyau

Le champ magnétique du noyau, appelé aussi champ principal, représente plus de 99 p. 100 du champ géomagnétique global de la Terre. En première approximation, le champ du noyau a une structure dipolaire et peut ainsi être comparé à celui d’un aimant « classique » qui serait placé au centre de la Terre avec un pôle Nord et un pôle Sud et serait incliné d’un angle d’environ 100 par rapport à l’axe de rotation de la Terre (en 2010, selon le modèle I.G.R.F.-11).

Cartes de l’inclination, de la déclinaison et de l’intensité du champ magnétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cartes de l’inclination, de la déclinaison et de l’intensité du champ magnétique

Les points d’intersection de l’axe du dipôle avec la surface de la Terre sont appelés « pôles géomagnétiques ». Ils sont distincts des « pôles magnétiques » du noyau, définis comme les points à la surface de la Terre où le champ est exactement vertical (cf. dérive des pôles), et dont la localisation dépend des termes non dipolaires du champ du noyau. La structure à très grande échelle du champ géomagnétique est clairement dipolaire comme on peut le constater sur la carte de l’inclinaison du champ actuel à partir du modèle W.M.M., mais des écarts importants existent :

– les pôles magnétiques (où l’inclinaison vaut ± 900 et la déclinaison n’est pas définie) ne sont pas exactement antipodaux (contrairement aux pôles géomagnétiques) ;

–  l’équateur magnétique, défini comme le lieu où l’inclinaison est nulle, n’est pas exactement circulaire, notamment au niveau de l’Amérique du Sud (fig 2a) ;

– l’intensité est minimale dans une zone centrée sur l’Amérique du Sud, vers le Paraguay, et appelée « anomalie de l’Atlantique sud », au lieu de l’être le long de l’équateur magnétique.

Le champ du noyau est lentement variable, à un taux compris entre 0 et  200 nT/an à la surface de la Terre. Cette variation séculaire présente plusieurs caractéristiques notables :

–  les pôles magnétiques se déplacent, en particulier le pôle Nord situé dans l’océan Arctique, qui se dirige vers la Russie à 55 km/an environ ;

– l’anomalie de l’Atlantique sud s’élargit et l’intensité du champ en son centre[...]

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Écrit par

  • : physicien à l'Institut de physique du globe de Paris et à l'université du Colorado, Boulder, États-Unis

Classification

Pour citer cet article

Arnaud CHULLIAT. GÉOMAGNÉTISME ou MAGNÉTISME TERRESTRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Éléments du champ magnétique terrestre - crédits : Encyclopædia Universalis France

Éléments du champ magnétique terrestre

Carte de la déclinaison du champ magnétique établie par Edmund Halley - crédits : D.R.

Carte de la déclinaison du champ magnétique établie par Edmund Halley

Instrument DI-flux de mesure du champ magnétique terrestre - crédits : A. Chulliat

Instrument DI-flux de mesure du champ magnétique terrestre

Autres références

  • PALÉOMAGNÉTISME

    • Écrit par Jean-Pierre VALET
    • 5 054 mots
    • 6 médias

    Comme son nom le suggère, le paléomagnétisme repose sur l’étude du champ magnétique ancien de la Terre. Cette discipline des sciences de la Terre a connu son plein essor à partir des années 1960. Elle a fortement contribué à démontrer l’expansion des fonds océaniques et, plus généralement, à la formulation...

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    Si les connaissances sur la forme et la structure du globe terrestre sont dues, pour l'essentiel, à la gravimétrie et à la sismologie, le magnétisme est à l'origine de la découverte et de la mesure des mouvements dans le globe.
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    ...Sa partie méridionale est moins profonde (3 000 m environ), mais accidentée de reliefs allongés nord-est - sud-ouest à nord-nord-est - sud-sud-ouest. Cette orientation est celle des anomalies magnétiques qui ont été mises en évidence sur l'ensemble du bassin. Sa croûte est supposée dater du Crétacé terminal-début...
  • ARCHÉOMAGNÉTISME

    • Écrit par Universalis
    • 144 mots

    L'archéomagnétisme d'un matériau est l'ensemble des propriétés magnétiques de ce matériau résultant d'une transformation physique intervenue dans le passé qui a fixé dans le matériau considéré les paramètres du champ magnétique de l'endroit où il se trouvait, à l'instant de la transformation. Cette...

  • AURORE POLAIRE

    • Écrit par Jean-Jacques BERTHELIER
    • 5 522 mots
    • 4 médias
    Les zones de fréquence maximale des aurores ont la forme d'ovales ; les courbes d'isofréquence de l'aurore ou isochasmes reproduisent assez fidèlement l'intersection avec la haute atmosphère des surfaces décrites par les électrons dans leur mouvement de dérive dans le champ magnétique terrestre ; l'isochasme...
  • Afficher les 21 références

Voir aussi