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GAY PRIDE

La consécration

Face au succès croissant de la marche mais aussi à d'importantes difficultés financières, décision est prise en 1996 de créer une société commerciale (la Sofiged) pour prendre en charge les aspects commerciaux de la Gay Pride, tandis que l'association poursuit son activité de lobbying en se dotant d'une commission politique. Les conditions du succès sont ainsi réunies lorsqu'en 1997 Paris accueille l'Europride, marche organisée chaque année dans une capitale européenne depuis le début des années 1990. Avec deux cent cinquante mille manifestants selon la police, c'est alors un record absolu d'affluence à la Gay Pride en France. Les deux années suivantes, les marches sont placées sous le signe de la revendication du Pacs, qui sera voté à la fin de 1999. Là encore, le symbole que représente le défilé annuel inspire les forces d'opposition contre le Pacs, qui s'expriment sous la forme de manifestations « concurrentes », où est imité le mélange de fête et de revendication caractérisant la Gay Pride.

En l'espace d'une décennie, la Gay Pride connaît ainsi un développement considérable, à l'instar du milieu associatif homosexuel. Tout d'abord, la participation augmente, de quelques milliers de personnes à plus de deux cent mille, et se diversifie fortement. La marche rallie chaque année un peu plus d'hétérosexuels. Ensuite, au niveau de sa médiatisation, certains quotidiens consacrent désormais leur une à l'événement. De plus, les soutiens se multiplient, lesquels débordent largement le champ de l'homosexualité puisque sont présents dans le défilé des associations de défense des droits de l'homme, des partis politiques ou des syndicats. Enfin, c'est durant la seconde moitié des années 1990 qu'apparaissent des marches dans différentes villes de province, dont l'organisation sera coordonnée par le comité InterPride France, créé en 1999.

La même année, l'association organisatrice de la marche parisienne est dissoute. Elle est remplacée par l'Interassociation lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-L.G.B.T.), fédération d'associations dont elle entend faire valoir l'ensemble des intérêts et des revendications. S'ouvre alors une nouvelle ère pour la Gay Pride, qui voit encore croître le nombre de ses participants et représente désormais la plus grande manifestation de rue annuelle en France. En 2001, la marche parisienne atteint le cap symbolique des cinq cent mille personnes. Elle est ouverte par Bertrand Delanoë, élu maire de la ville quelques mois plus tôt, qui avait fait son coming out à la télévision en 1998. Afin de refléter la diversité des identités qui s'y expriment et de s'aligner sur un vocable international, l'événement est renommé Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans (ou Marche des fiertés L.G.B.T.) à partir de 2002. En 2004, la Gay Pride est précédée d'un débat médiatique tonitruant autour du premier mariage homosexuel français célébré par Noël Mamère, lui offrant l'occasion de faire valoir cette nouvelle revendication qui, encore loin d'être satisfaite, promet de beaux jours à la manifestation dont l'histoire montre que la force de mobilisation tient en grande partie aux contextes politique et légal.

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Écrit par

  • : anthropologue, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Christophe BROQUA. GAY PRIDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HOMOSEXUALITÉ

    • Écrit par Frédéric MARTEL
    • 9 195 mots
    • 1 média
    Le succès croissant de la Gay Pride parachève ce mouvement : anecdotique dans les années 1970 (la première date en France de 1977), marginale à partir de 1983 et dérisoire à la fin des années 1980, la manifestation de la « fierté » gay rassemble 10 000 personnes en 1993, 20 000 en 1994, 60 000...

Voir aussi