Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BASTIAT FRÉDÉRIC (1801-1850)

Économiste qui compte parmi les plus talentueux du courant libéral français. Bastiat naît à Bayonne, dans une famille de commerçants aisés. D'abord exploitant agricole, il devient juge de paix au début de la monarchie de Juillet, puis conseiller général des Landes. À la suite d'un article que le Journal des économistes publie en 1844 et qui fait sensation, Bastiat vient à Paris. Ses premiers livres, Cobden et la ligue (1845), Les Sophismes économiques (1845), et la fondation en 1846 de l'Association pour la liberté des échanges le lancent dans le monde des économistes et de la politique. En 1848, il est élu représentant des Landes à l'Assemblée constituante puis à l'Assemblée législative. Et c'est avant d'avoir terminé son ouvrage fondamental, Les Harmonies économiques (1850) qu'il meurt à Rome. En six années de vie active, Bastiat laissait la matière de sept volumes.

Logique et clarté, précision et élégance du style caractérisent l'œuvre d'un polémiste de rare talent dont les cibles ont été le monopole, le protectionnisme et le socialisme. L'observation des lois qui régissent l'homme et la société l'a convaincu des bienfaits de la liberté. Loin d'être antagonistes, les intérêts individuels sont providentiellement harmonieux, car si les actions des individus sont par nature antisociales et par destination tournées vers l'obtention de profits individuels, l'opposition des activités engendre la satisfaction de tous. En effet, en travaillant pour soi, chacun travaille pour tous. La valeur n'étant autre que le rapport des services que s'échangent producteurs et consommateurs, la propriété privée, total des services rendus, est la justice. Seule, la libre concurrence permet le progrès, c'est-à-dire l'augmentation de la richesse ou, plus précisément, la multiplication des produits à la disposition des consommateurs les moins fortunés. En outre la croissance démographique entraîne un développement des services échangés et enrichit la population. Cet optimisme amène Bastiat à combattre le protectionnisme ; c'est le thème de son pamphlet célèbre, Pétition des marchands de chandèle contre la concurrence du soleil, écrit dans lequel ces derniers sont censés demander au gouvernement de protéger leur activité contre le soleil en décrétant la fermeture de toutes les fenêtres ; Bastiat y propose de façon générale de réduire au minimum les fonctions de l'État : « L'action gouvernementale est essentiellement bornée à faire régner l'ordre, la sécurité, la justice. En dehors de cette limite, elle est usurpatrice de la conscience, de l'intelligence, du travail, en un mot, de la liberté humaine. »

Une controverse fameuse l'oppose à Proudhon à propos de l'intérêt du capital ; contre ce dernier qui en préconisait la suppression, Bastiat y voit le juste « prix du temps ». Il soutenait en outre qu'au fur et à mesure que le capital s'accroît, l'intérêt baisse et la part relative du capital dans la distribution des richesses diminue, alors que la part du travail augmente. C'est cette théorie, fondée sur des prémisses fausses, que réfutera plus tard l'économiste allemand J. K. Rodbertus.

— François BURDEAU

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

François BURDEAU. BASTIAT FRÉDÉRIC (1801-1850) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉCONOMIE SOCIALE

    • Écrit par Éric BIDET
    • 6 010 mots
    ...(Gueslin, 1987). Le maître-mot de cette école est la valorisation de la charité, ou solidarité volontaire, par opposition à une charité légale ou forcée. Un des ses représentants les plus emblématiques est sans conteste Frédéric Bastiat, qui introduit en 1848 le concept « d'association progressive et...

Voir aussi