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PICOT FRANÇOIS-ÉDOUARD (1786-1868)

Fils de François-André Picot, brodeur de l'empereur Napoléon Ier, le peintre François-Édouard passa son enfance dans le milieu de l'artisanat de luxe qui contribuait avec les artistes aux fastes de l'Empire. Dès quatorze ans, il entre dans les ateliers de Léonor Mérimée, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, et de François-André Vincent. Il reçoit de leur enseignement l'idéal classique exprimé par l'école de David et une grâce héritée du xviiie siècle français.

Deuxième prix de Rome en 1811, il est deuxième premier grand prix en 1813. Grâce à ce classement honorifique il reçoit de Montalivet, ministre de l'Intérieur, une bourse spéciale qui lui permet de se rendre à Rome. Après la chute de l'Empire et la ruine de son père, Picot a le privilège exceptionnel de recevoir une allocation spéciale qui lui permet d'accomplir, à l'égal d'un premier grand prix, un séjour de cinq ans à Rome.

Si la première œuvre connue de Picot, La Rencontre d'Énée et de Vénus près de Carthage (1813 ; Musée royal des beaux-arts de Bruxelles), relève encore d'une technique et d'une sensibilité d'élève, L'Amour et Psyché (musée du Louvre), qu'il expose au Salon de 1818, lui vaut un triomphe. Le public le préféra à David qui présentait la même année un sujet identique.

Ce tableau, acheté par le duc d'Orléans, répond au goût de la Restauration qui alliait à la mode néo-classique la nostalgie d'un art plus raffiné, plus féminin et plus évocateur de l'Ancien Régime.

La carrière de Picot est celle d'un peintre officiel issu du concours pour Rome. Il reçoit des commandes de l'État, deux plafonds du musée Charles-X (aujourd'hui salles égyptiennes du musée du Louvre), des décors pour le Sénat et de nombreuses commandes pour Versailles. En 1836, il succède à Carle Vernet à l'Académie des beaux-arts.

La politique artistique instaurée par Louis XVIII et Charles X et la recherche d'un art adapté au sentiment religieux font de Picot, décorateur à Paris de Notre-Dame-de-Lorette (1836), Saint-Denis-du-Saint-Sacrement (1844) et Saint-Vincent-de-Paul (1853) un spécialiste de la peinture religieuse. Ferme défenseur de la tradition classique, Picot se retire des salons dès 1839. Sa dernière présentation, Un épisode de la peste à Florence (musée de Grenoble), atteste sa volonté de maintenir la suprématie de la peinture d'histoire sur la peinture de genre et les valeurs plastiques de la composition sur la manière romantique. Il se consacre ensuite à son atelier et à l'enseignement de la « bonne peinture ». L'atelier de Picot entre 1820 et 1860 a compté quelque cinq cents élèves, dont seize premiers grands prix de Rome qui figureront parmi les grands noms du second Empire : Isidore Pils, Alexandre Cabanel, William Bouguereau, les frères Bénouville. L'influence du peintre sur des talents de nature très différente (Guillaumet ou Gustave Moreau) fut considérable. Son atelier est un des chaînons majeurs qui explique la transmission de l'idéal classique au xixe siècle.

— Sylvain BELLENGER

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Sylvain BELLENGER. PICOT FRANÇOIS-ÉDOUARD (1786-1868) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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