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ROPS FÉLICIEN (1833-1898)

Peintre et graveur belge. Rops, qui avait suivi les cours de l'académie de Namur et ceux de l'atelier de Saint-Luc à Bruxelles, a manifesté très tôt des talents de dessinateur et d'illustrateur (il donne des caricatures à l'hebdomadaire satirique Uylenspigel qu'il a fondé). Après 1850, l'artiste réside tantôt à Paris, tantôt à Bruxelles ; il est nommé, en 1868, vice-président de la Société libre des beaux-arts de cette dernière ville. Vers la fin du siècle, Rops est incontestablement un des dessinateurs les plus à la mode à Paris, où il fréquente de nombreux écrivains, en particulier Baudelaire (il exécutera une gravure pour Les Épaves, 1866), Huysmans et Peladan. Entre 1886 et 1893, chaque œuvre de Rops, « l'infâme Fély », envoyée au Salon suscite des scandales retentissants (Pornocratès, 1896, eau-forte et aquatinte, collection Marcel Mabille, Bruxelles).

L'iconographie de Rops s'apparente d'une certaine manière à celle du répertoire symboliste. Le peintre, dont l'inspiration est souvent littéraire, aime à transposer en signes plastiques un certain satanisme baudelairien ou le goût pour le démoniaque cher à Barbey d'Aurevilly. Certains motifs apparaissent souvent dans ses œuvres : le squelette (La Mort au bal, 1870, huile, Rijksmuseum Kröller-Muller, Otterlo ; La Mort qui sème la discorde, huile, collection particulière, Turin), le Diable (La Luxure, 1890, gravure, Bibliothèque royale, Bruxelles).

Rops s'intéresse aux mœurs du temps. Mais, s'il dépeint la perversité de son époque, il ne fait pas œuvre de moraliste. Au contraire, il crée une mythologie du péché qui deviendra à son tour une idéologie du vice. Le peintre exécute des dessins d'un érotisme ouvert et violent qui lui assurent un succès considérable. Le Sacrifice de la nuit (dessin, Bibliothèque royale de Bruxelles) est un excellent exemple de cette luxure bourgeoise qui mêle aisément des traits pervers à une conception franche et même un peu simpliste de l'érotisme. Peladan écrira à Rops : « J'ai vu de vous des eaux-fortes magistrales et d'une perversité si intense que moi qui prépare le Traité de la perversité je me suis épris de votre extraordinaire talent... »

Les créations les plus originales de Rops sont peut-être celles où il illustre de façon libre des œuvres littéraires. Dans cette lignée, Le Rideau cramoisi ou La Femme et la Folie dominant le monde (gravures pour Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly) témoignent d'une inspiration pls raffinée, où l'on retrouve les meilleures tendances symbolistes de l'époque.

— Charles SALA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Pour citer cet article

Charles SALA. ROPS FÉLICIEN (1833-1898) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉROTISME

    • Écrit par Frédérique DEVAUX, René MILHAU, Jean-Jacques PAUVERT, Mario PRAZ, Jean SÉMOLUÉ
    • 19 774 mots
    • 7 médias
    ...écrivains ; c'est surtout à la fin du siècle qu'il y eut une éclosion de peintures et gravures d'un caractère érotique souvent scabreux et aussi satirique : Félicien Rops et Aubrey Beardsley sont les plus connus ; d'ailleurs, l'exotisme luxurieux et sanglant qui avait inspiré Delacroix dans la première partie...

Voir aussi