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ÉVALUATION ET QUANTIFICATION DES RISQUES SANITAIRES

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L’évaluation quantitative des risques

Pour gérer un risque sanitaire, sa quantification est une condition sinon nécessaire, du moins importante. Faute de quantification, la décision est binaire : on interdit ou on autorise. Dès qu’un risque est quantifié, même approximativement, sa gestion s’en trouve facilitée, en particulier parce que cela permet un raisonnement de type risque/bénéfice appliqué à différents scénarios jugés pertinents et faisables.

La quantification d’un risque sanitaire fait appel aux études épidémiologiques, mais celles-ci ne sont pas toujours réalisables pour diverses raisons : il y a des personnes exposées, mais pas de personnes malades ; la taille de la population concernée est trop petite ; les données disponibles ne sont pas de qualité suffisante ; les données (numérateur, dénominateur) nécessaires pour définir les indicateurs précédents ne sont pas disponibles ; la reconstitution de l’historique des expositions est infaisable, etc.

Depuis les années 1980, une démarche formalisée d’évaluation quantitative des risques est mise en œuvre, notamment par les agences de sécurité sanitaire. Il s’agit de réaliser une synthèse quantitative des connaissances sur les risques sanitaires et de les traduire de façon intelligible pour les gestionnaires des risques. Cette démarche comporte deux grandes caractéristiques : d’une part, elle vise à combiner les données épidémiologiques et les données toxicologiques, en particulier celles recueillies par les expérimentations chez l’animal, sachant que pour de nombreux polluants, seul ce dernier type de données existe ; d’autre part, elle compense le manque de connaissances par des hypothèses de travail. S’il n’est pas toujours possible de vérifier ces dernières, leur utilisation reste néanmoins acceptable sur le plan scientifique à condition qu’elles soient explicites et argumentées et donc que leurs conséquences puissent être confrontées à la réalité.

Cette démarche comporte trois étapes élémentaires et une étape de synthèse. On commence par l’identification des dangers pour apprécier la réalité du potentiel toxique ; on procède ensuite à l’extrapolation des risques observés à hautes doses vers ceux pouvant exister à basses doses à partir de la modélisation de la relation dose-effet déterminée le plus souvent chez l’animal ; la troisième étape concerne l’estimation des expositions de la population concernée. L’étape de synthèse consiste en la caractérisation des risques permettant de fournir aux gestionnaires une estimation aussi précise que possible compte tenu des incertitudes de connaissances sur le niveau de risque. Une modélisation des différents scénarios de gestion est alors envisageable. Plusieurs bases de données (IRIS de l’US EPA, Medline, Toxline, notamment) permettent d’accéder gratuitement aux informations nécessaires pour mener une évaluation quantitative des risques.

Cette démarche est désormais couramment mise en œuvre par les agences de sécurité sanitaire. Par exemple, au moment de la marée noire de l’Erika en 2000, l’évaluation des risques de cancers liés au fioul déversé sur les plages a fourni des résultats. Il s’agit des risques de cancers (sauf cutanés) liés à la fréquentation des plages pour un enfant pendant la période estivale, selon le niveau médian de pollution résiduelle sur les plages. Les valeurs calculées sont ainsi de 3,7 × 10-6 pour les vacanciers et de 7,1 × 10-6 pour les résidents. L’interprétation de ces chiffres se fait ainsi : pour 1 million de vacanciers, l’excès de risque de cancers est de 3,7. Il est de 7,1 pour les résidents, qui sont exposés plus longtemps. Ce niveau d’excès de risque étant considéré comme très faible, la décision d’ouvrir 95 p. 100 des plages au cours de la saison estivale qui a suivi la marée noire a pu être prise.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite du Conservatoire national des arts et métiers (chaire d'hygiène et sécurité)

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Pour citer cet article

William DAB. ÉVALUATION ET QUANTIFICATION DES RISQUES SANITAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 02/03/2021

Média

<em>Salmonella typhi&nbsp;</em>et fibres d’amiante - crédits : (en haut) Isis325/ Flickr , CC-BY 2.0 ; (en bas) T. Davis/ Shutterstock

Salmonella typhi et fibres d’amiante