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ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL EN FRANCE

En France, la formation des ouvriers qualifiés, des employés et des techniciens est très majoritairement assurée par le système scolaire. Chaque année, environ la moitié des jeunes de 16 ans ayant terminé le cycle de la scolarité obligatoire se dirigent vers une formation technologique ou professionnelle. Mais seulement 20 p. 100 d'entre eux choisissent un contrat d'apprentissage en entreprise, soit environ 10 p. 100 d'une classe d'âge (alors qu'en Allemagne, plus de la moitié de chaque classe d'âge s'oriente vers un contrat d'apprentissage après la scolarité obligatoire). C'est donc un peu plus de 40 p. 100 de chaque classe d'âge qui poursuit chaque année une formation professionnelle ou technologique dans les établissements de l' enseignement secondaire publics ou privés (21 p. 100 des lycéens professionnels sont inscrits dans le privé). Ce rôle essentiel des enseignements technologiques et professionnels, souvent sous-estimé dans les débats publics sur l'école, se retrouve dans la répartition des bacheliers : si, en moyenne, chaque année, de 65 à 70 p. 100 des jeunes Français obtiennent un baccalauréat, presque la moitié d'entre eux obtiennent en fait un baccalauréat professionnel ou technologique. En 2010, 35 p. 100 des jeunes Français ont obtenu un baccalauréat général, 31 p. 100 un baccalauréat professionnel ou technologique.

Les établissements qui délivrent ces formations sont de deux types : les lycées professionnels d'une part, et les filières technologiques des lycées généraux et technologiques d'autre part. Au-delà de leur commune finalité professionnelle, ces formations sont en fait très différentes : les lycées professionnels sont plus centrés sur la pratique du métier et orientent donc en priorité vers les emplois d'ouvriers et d'employés qualifiés ; alors que les filières technologiques, qui accordent plus d'importance aux contenus théoriques, conduisent plutôt vers la hiérarchie intermédiaire des emplois et permettent plus facilement de poursuivre des études technologiques supérieures.

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C'est pourquoi, si enseignements technologiques et professionnels peuvent être associés dans une présentation très générale du système scolaire, il est nécessaire de les dissocier dès lors qu'on veut développer une analyse plus approfondie des mécanismes institutionnels, sociaux et économiques qui structurent leur fonctionnement.

La filière des lycées professionnels

« Former l'homme, le travailleur et le citoyen. » Cette formule, employée par les initiateurs de l'enseignement professionnel au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, traduit la double ambition de l'enseignement professionnel. À partir de centres de formation créés juste avant la guerre et développés par le gouvernement de Vichy, les gouvernements de la IVe République ont voulu organiser une formation des ouvriers et des employés qualifiés qui répondent aux besoins de l'économie nationale, alors en plein effort de reconstruction, tout en permettant à la jeunesse populaire de continuer a bénéficier d'un complément de culture générale et technologique après la scolarité obligatoire. Cette double finalité est restée jusqu'à aujourd'hui au fondement du fonctionnement des lycées professionnels, comme en témoigne l'actuel Code de l'éducation : « Les formations professionnelles du second degré associent à la formation générale un haut niveau de connaissances techniques spécialisées. Principalement organisées en vue de l'exercice d'un métier, elles peuvent permettre de poursuivre une formation ultérieure. » (Code de l'éducation, article L337 1). Les lycées professionnels préparent à des diplômes de deux niveaux : le C.A.P. (certificat d'aptitude professionnel, créé en 1911) ou le B.E.P. (brevet d'enseignement professionnel, créé au milieu des années 1960), pour les emplois d'ouvriers ou d'employés, et le baccalauréat professionnel, qui prépare aux mêmes emplois mais ouvre la possibilité de poursuivre des études technologiques supérieures.

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés - crédits : Alain Buu/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés

Pour le visiteur non averti, le lycée professionnel offre donc souvent un spectacle surprenant. Les salles de classes habituels d'un lycée, qui accueillent les cours d'enseignement général ou d'enseignement technologique théorique, y voisinent en effet avec des ateliers ou des bureaux qui reproduisent fidèlement les matériels et les conditions de travail d'une usine, d'une entreprise commerciale ou d'une administration. Assez souvent, les lycées professionnels sont spécialisés dans un ou deux types d'activité, dont ils déclinent chaque métier. Un lycée spécialisé dans les formations de la métallurgie préparera par exemple aux métiers d'usineur, de chaudronnier, de technicien de maintenance ou d'électro-mécanicien. Dans un lycée spécialisé dans les métiers du commerce, on trouvera des formations de vendeur, de secrétaire ou d'aide-comptable.

L'ensemble de la formation ne se déroule cependant pas uniquement dans les murs du lycée. Pendant les trois années où ils préparent leur baccalauréat professionnel, les élèves suivent un total de vingt-deux semaines de stages en entreprises qu'ils sont encouragés à trouver eux-mêmes. Ils sont aussi aidés par les établissements, qui ont intérêt à entretenir de bonnes relations avec les entreprises : tout en s'assurant que leurs élèves sont bien encadrés au cours de leurs stages, les chefs d'établissement peuvent ainsi obtenir que les entreprises leur versent directement le produit d'une taxe d'apprentissage, qu'elles sont tenues de payer depuis 1925, pour participer à l'effort national de formation.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut universitaire de formation des maîtres de l'université de Nantes

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Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés - crédits : Alain Buu/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés

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