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ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL EN FRANCE

L'avenir incertain de la formation professionnelle

Rien ne garantit cependant le succès de ces réformes. En effet, dans le secteur industriel, les emplois d'ouvriers et d'employés souffrent de faiblesses majeures : d'une part, ils sont les premiers atteints par le chômage en cas de difficultés économiques, et, d'autre part, ils ne permettent plus, comme cela avait été le cas pendant les années de croissance, d'accéder par promotion interne aux qualifications supérieures. Même si la réforme a amélioré l'image des lycées professionnels, beaucoup de familles demeurent encore réticentes vis-à-vis de la voie professionnelle, dans la mesure où elle leur semble encore conduire majoritairement à des emplois subalternes exposés au chômage. À long terme, la réforme des lycées professionnels ne peut être une réelle réussite que dans la mesure où elle permettra à un nombre suffisamment élevé de lauréats du baccalauréat professionnel de poursuivre leurs études en B.T.S. Mais cela supposerait une adaptation des modes de sélection et des pratiques pédagogiques de ces formations technologiques supérieures.

Par ailleurs, le raccourcissement à trois ans du cursus du baccalauréat professionnel met en difficulté les élèves les plus faibles, nombreux en lycées professionnels, qui risquent d'échouer en plus grand nombre au baccalauréat et se trouver alors très démunis pour accéder au marché de l'emploi. C'est pour cette raison que le ministère a préservé les formations de C.A.P., qui durent deux ans après le collège, et dont les contenus sont peu exigeants en ce qui concerne l'enseignement général. Ce sont également les formations les plus nombreuses en apprentissage. Mais elles sont essentiellement concentrées sur quelques métiers à structure artisanale, notamment ceux de l'alimentation, de la coiffure, de l'hôtellerie-restauration ou de la mécanique automobile.

Le système de formation professionnelle initiale français, fortement structuré par des logiques scolaires et le rôle central d'une certification par des diplômes d'État, tend donc aujourd'hui à élever son niveau d'exigence. Cette évolution peut améliorer l'image sociale des études technologiques et professionnelles en y attirant de meilleurs élèves, mais elle présente le risque d'aggraver la marginalisation des élèves qui sortent de la scolarité obligatoire avec un niveau scolaire faible, et qui passaient par les cursus professionnels ou technologiques pour remédier à leurs difficultés initiales.

— Vincent TROGER

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut universitaire de formation des maîtres de l'université de Nantes

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Média

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés - crédits : Alain Buu/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Une salle de classe au lycée François-Mansart de Saint-Maur-des-Fossés