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SCHWARZKOPF ELISABETH (1915-2006)

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La légende Schwarzkopf

L'organe possède d'emblée d'évidentes qualités : la voix est fraîche et brillante avec des aigus très faciles – elle les prêtera à Kirsten Flagstad, l'Isolde de l'enregistrement de Tristan et Isolde dirigé par Wilhelm Furtwängler en 1952 –, avec de hauts pianissimos enchanteurs, un vibrato arachnéen et une agilité aérienne impressionnante. Héritées d'Ivogün, une noblesse de ton, une pudeur patricienne, une sensualité contenue, et une nostalgie diffuse qui font merveille dans son répertoire d'élection. Un timbre d'une luminosité unique, un legato d'une infinie souplesse, une ahurissante maîtrise du souffle et de l'articulation, toutes qualités conquises de haute lutte – sans doute au prix de la perte d'une certaine spontanéité – font bien vite oublier un registre peu étendu et une puissance vocale limitée. Elle triomphe dans des opérettes de Johann Strauss (Rosalinde dans La Chauve-Souris, Karajan, 1955) ou Franz Lehár (Lisa dans Le Pays du sourire, Hanna dans La Veuve joyeuse, Otto Ackermann, 1953), jamais jouées sur scène, avec un abattage, une gourmandise et une élégance inimitables. Son legs discographique, où elle côtoie l'élite du chant et de la direction de son temps, puisée dans l'« écurie Legge », est d'une qualité exceptionnelle, que ce soit dans Mozart – deux Noces de Figaro (Karajan, 1950 ; Carlo Maria Giulini, 1959), deux Così (Karajan, 1954 ; Böhm, 1962), Don Giovanni (Giulini, 1959) –, Richard Strauss – les Quatre Derniers Lieder (avec Ackermann, en 1953, et George Szell, en 1965), Le Chevalier à la Rose (Karajan, 1956), Ariane à Naxos (Karajan, 1954), Capriccio (Wolfgang Sawallisch, 1957) –, Humperdinck – Hänsel und Gretel (Karajan, 1953) – ou même Verdi avec un Falstaff d'anthologie (Karajan, 1956). Elle pratique le lied en compagnie des plus grands – qu'il s'agisse de pianistes ou de chefs d'orchestre – avec autant d'inspiration que de savoir-faire. Walter Gieseking, Edwin Fischer, Sviatoslav Richter, Gerald Moore, Geoffrey Parsons, Karajan, Sawallisch, Ackermann, Hans Rosbaud et Furtwängler rejoignent, dans Mozart, Schubert ou Wolf, celle qui a fait de la sophistication une voie royale vers les sommets de l'art. L'univers poétique d'Hugo Wolf notamment n'a pas de secrets pour elle. Avec une subtile intelligence du texte, une volonté de perfectionnisme dans l'infinitésimal et des nuances d'une finesse diabolique, Elisabeth Schwarzkopf se révèle, accompagnée par Gerald Moore, l'interprète rêvée de ses vénéneux sortilèges.

Elisabeth Schwarzkopf - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Elisabeth Schwarzkopf

Schwarzkopf, Sawallisch et Waechter - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Schwarzkopf, Sawallisch et Waechter

— Pierre BRETON

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. SCHWARZKOPF ELISABETH (1915-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Elisabeth Schwarzkopf dans Le Chevalier à la rose - crédits : Evening Standard/ Getty Images

Elisabeth Schwarzkopf dans Le Chevalier à la rose

Così fan tutte - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Così fan tutte

Elisabeth Schwarzkopf - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Elisabeth Schwarzkopf

Autres références

  • LEGGE WALTER (1906-1979)

    • Écrit par
    • 1 679 mots
    • 1 média
    ...n'avait plus qu'à découvrir pour son premier Così fan tutte (enregistré en studio en 1954 par le Philharmonia dirigé par Herbert von Karajan, avec Elisabeth Schwarzkopf – Fiordiligi –, Nan Merriman – Dorabella –, Lisa Otto – Despina –, Rolando Panerai – Guglielmo –, Léopold Simoneau – Ferrando –,...