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BONNER ELENA GEORGIEVNA (1923-2011)

Dissidente soviétique et militante des droits de l'homme, Elena Bonner était une figure respectée de la lutte pour le respect des droits humains en Union soviétique et en Russie. Cofondatrice, en 1976, du groupe Helsinki de Moscou, le plus ancien mouvement de défense des droits de l'homme de Russie, elle était l'épouse du physicien dissident Andreï Sakharov, Prix Nobel de la paix en 1975.

Elena Georgievna Bonner naît le 15 février 1923 à Merv, dans la République socialiste soviétique autonome du Turkestan (auj. Mary, au Turkménistan). Toute jeune, elle est confrontée à la violence de l'État soviétique. Ses parents, comme beaucoup d'autres bolcheviques de la première heure, sont victimes des purges staliniennes des années 1930 : son père, Arménien, est fusillé juste après son arrestation ; sa mère, juive, passe plusieurs années dans les camps. Engagée comme infirmière volontaire pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient ensuite pédiatre et épouse un de ses camarades d'université, mais elle met rapidement un terme à ce premier mariage ainsi qu'à sa carrière médicale. Quand elle se marie en secondes noces avec Andreï Sakharov en 1972, Elena Bonner a déjà rendu sa carte du Parti communiste et rejoint la dissidence depuis plusieurs années. C'est elle qui se rend à Oslo en 1975 pour recevoir le prix Nobel de la paix décerné à son époux, les autorités interdisant à celui-ci de quitter le territoire soviétique. Quand, en 1980, Andreï Sakharov est assigné à résidence à Gorki (auj. Nijni-Novgorod), à la suite de ses prises de position sur l'intervention soviétique en Afghanistan, c'est elle aussi qui entretient les relations avec les soutiens occidentaux de son mari. En 1984, reconnue coupable d'activités antisoviétiques, elle le rejoint dans l'exil. Sa santé déjà fragile se dégrade. Après une grève de la faim de six mois menée par Andreï Sakharov, elle est autorisée à se rendre brièvement aux États-Unis en 1985, pour y subir un pontage coronarien. Le couple obtient de Mikhaïl Gorbatchev le droit de retourner s'installer à Moscou en 1986. La mort de son mari en 1989 ne met pas fin à l'œuvre militante d'Elena Bonner. Elle proteste contre la guerre en Tchétchénie dès le début du conflit sous Boris Eltsine, et s'oppose jusqu'au bout à la politique de Vladimir Poutine en matière de droits de l'homme. Elle a publié plusieurs ouvrages inspirés par son existence et son expérience militante, dont Un exil partagé (1986) et De mères en filles : un siècle russe (2002). Elle s'éteint le 18 juin 2011 à Boston.

— Melinda C. SHEPHERD

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Melinda C. SHEPHERD. BONNER ELENA GEORGIEVNA (1923-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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