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ÉGYPTE L'Égypte coloniale

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La dynastie de Muḥammad ‘Alī

Si Muḥammad ‘Alī a profité du bouleversement provoqué par le passage de l'armée de Bonaparte pour précipiter le cours de l'histoire et entreprendre une révolution économique en Égypte, ses successeurs ramèneront le pays à un système de gestion plus traditionnel.

Les premiers successeurs

À la fin de sa vie, en 1847, Muḥammad ‘Alī place son fils et brillant second, Ibrāhīm, sur le trône, pour matérialiser l'accord par lequel la Porte reconnaissait les droits de l'aîné de la famille au trône. Mais Ibrāhīm meurt neuf mois avant son père, le 10 novembre 1848. Son neveu ‘Abbās Ier lui succède. Opposé à l'esprit novateur de ses prédécesseurs, il ferme les usines encore en fonctionnement, les écoles ouvertes par son grand-père, arrête les travaux en cours. Il est assassiné le 13 juillet 1854.

Sa‘īd, quatrième fils du fondateur de la dynastie et héritier de certaines de ses qualités de bâtisseur, accède au trône. Il centralise l'administration, améliore les méthodes de perception des impôts, de recrutement des conscrits et le fonctionnement de la justice. Deux réformes sociales auront d'importants effets dans l'avenir. L'une, promulguée en 1858, reconnaît aux particuliers le droit de posséder des terres à titre héréditaire et non plus seulement viager. De cette réforme naîtra la classe des gros propriétaires terriens qui, avec les souverains, dirigeront le pays. La seconde réforme accorde aux Égyptiens le droit d'accéder aux plus hauts échelons de l'armée. Elle favorise la formation d'officiers nationalistes dont l'activité sera déterminante dès la fin du siècle.

Canal de Suez en construction - crédits : Otto Herschan/ Getty Images

Canal de Suez en construction

Sous ce règne, les travaux d'utilité publique reprennent et le percement du canal de Suez débute sous la responsabilité de la « compagnie universelle » présidée par Ferdinand de Lesseps. La moitié des actions est achetée par la France, 44 p. 100 du total par l'Égypte. L'Angleterre refuse les parts qui lui sont offertes, par hostilité à un projet qui peut lui faire perdre la maîtrise de la route des Indes.

Ces grands travaux dépassent les possibilités de financement local et contraignent le souverain à des emprunts qui vont bientôt permettre l'ingérence directe de l'Europe, plus particulièrement de l'Angleterre, dans les affaires nationales.

Le 18 janvier 1863, Ismā‘īl, fils d'Ibrāhīm, succède à Sa‘īd. Les difficultés de financement du canal de Suez et la peste bovine qui ravage l'Égypte de 1863 à 1865 l'acculent aux emprunts qui se succèdent, garantis par l'État ou par les propriétés de la famille royale. Sa vision de l'intérêt national l'incite à favoriser, en dépit des obstacles, non seulement la construction du canal, mais aussi les progrès de l'Égypte dans la voie de l'indépendance et de la participation à la politique internationale. En contrepartie d'un tribut deux fois plus lourd payé à la Porte, il obtient du sultan la reconnaissance du droit de succession à ses seuls descendants, par ordre de primogéniture, et, en 1867, le titre de khédive pour le souverain de l'Égypte avec le droit de promulguer des ordonnances et de conclure certains accords internationaux. En 1873, il devient entièrement responsable de l'organisation administrative, du pouvoir législatif et obtient la liberté d'augmenter le nombre de ses troupes à volonté. L'Égypte est désormais traitée par la Porte non plus en province mais en pays semi-indépendant.

Le khédive Ismā‘īl

Répondant aux aspirations d'une élite, Ismā‘īl accorde au peuple un semblant de participation à la gestion du pays. Il institue, dès 1866,une Assemblée consultative élue au second degré et formée de représentants des diverses circonscriptions. Les privilèges capitulaires que Muḥammad ‘Alī a ignorés ne pouvant[...]

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Écrit par

  • : agrégée, docteur ès lettres, professeur des Universités, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Nada TOMICHE. ÉGYPTE - L'Égypte coloniale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Expédition d'Égypte - crédits : AKG-images

Expédition d'Égypte

Bataille d'Aboukir - crédits : AKG-images

Bataille d'Aboukir

Canal de Suez en construction - crédits : Otto Herschan/ Getty Images

Canal de Suez en construction