ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) L'art

Le culte des dieux : les temples du Nouvel Empire et du Ier millénaire

"Colosse osiriaque" à l'effigie du pharaon Sésostris I<sup>er</sup>

"Colosse osiriaque" à l'effigie du pharaon Sésostris Ier

"Colosse osiriaque" à l'effigie du pharaon Sésostris Ier

ART ÉGYPTIEN, Moyen Empire, XIIe dynastie, "Colosse osiriaque" à l'effigie du pharaon Sésostris Ier,…

Construits pour abriter la statue d'un dieu, objet trois fois par jour d'un long rituel destiné à réanimer la puissance sacrée qui l'habite, les temples sont un réservoir de forces cosmiques dont la manipulation est réservée, en théorie, au seul pharaon et, dans la pratique, aux prêtres agissant au nom du roi, physiquement absent, mais omniprésent par l'image. Les temples de l'Ancien Empire, édifiés en brique, n'ont laissé que de maigres vestiges. Du Moyen Empire subsistent de rares sanctuaires complets en pierre, mais surtout des chapelles isolées, telle celle en calcaire de Sésostris Ier, aux piliers décorés d'élégants reliefs, dont les blocs ont été retrouvés dans les fondations du IIIe pylône du temple de Karnak. Il semble qu'à cette époque l'architecture religieuse reflète surtout des conceptions régionales et qu'il n'existe pas encore de programme d'ensemble pareil à celui mis en œuvre par les pharaons du Nouvel Empire et repris, dans ses grandes lignes durant le Ier millénaire, d'abord par les rois des dix dernières dynasties indigènes, puis par le clergé pendant la période gréco-romaine.

Temples divins et temples « de millions d'années » sous le Nouvel Empire

Élevés pour la plus grande gloire du pharaon et des dieux, les temples du Nouvel Empire se signalent par des dimensions impressionnantes, propres au déroulement du culte divin journalier ainsi qu'à la célébration de grandes liturgies au cours desquelles le souverain réactualise son essence sacrée en renouvelant le pacte l'unissant au monde céleste. Les sorties du dieu, dont la statue est placée sur une barque portée à épaule d'hommes, nécessitent l'aménagement de vastes cours dans lesquelles peuvent se réunir les dignitaires exceptionnellement autorisés, pour ces occasions, à franchir l'enceinte des temples. Lorsque les déplacements mettent en jeu plusieurs sanctuaires, le trajet parcouru est marqué dans le paysage par des plantations ou par un double alignement de sphinx, tandis que de loin en loin sont édifiées des chapelles reposoirs où la procession fait halte. À Thèbes, lors de la Belle Fête de la Vallée, la statue d'Amon quitte sa demeure de Karnak pour rendre visite aux différentes hypostases du dieu révérées dans les temples de la rive gauche, dits « châteaux de millions d'années », régulièrement élevés par les pharaons du Nouvel Empire depuis le règne d'Hatchepsout (à Deir el-Bahari) jusqu'à celui de Ramsès III (à Médinet-Habou). Différents des anciens temples funéraires liés à la tombe et théâtres de rites exclusivement destinés à la personne du roi mort, les « châteaux de millions d'années », où s'effectuent conjointement le culte du pharaon et celui du ou des dieux dédicataires du monument, sont en fonction dès leur achèvement – du vivant donc du souverain constructeur – et sont disséminés sur l'ensemble du territoire, à Thèbes-Ouest mais aussi à Karnak, dans l'enceinte même du grand temple d'Amon, à Abydos, dans le Delta et jusqu'en Nubie, tels celui d'Aménophis III à Soleb ou l'ensemble des sept temples rupestres dus à Ramsès II.

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte

Temple de Ramsès III à Karnak, Égypte

Piliers dits osiriaques dans la cour du temple de Ramsès III (1198 env.-env. 1166 avant J.-C.). XXe

Louxor

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Louxor

Une allée de deux kilomètres, bordée de sphinx, reliait les sanctuaires de Karnak au temple de…

Temples divins et temples « de millions d'années » procèdent d'un projet analogue d'exaltation de la puissance royale. Aussi ne diffèrent-ils guère les uns des autres. Les mêmes éléments s'y retrouvent, le plus souvent dédoublés : pylônes au caractère défensif contre lesquels vient mourir le chaos extérieur, cours à portiques baignées de lumière, salles hypostyles aux colonnes à chapiteau floral évoquant la luxuriance de la végétation égyptienne, appartements intimes du dieu où se répète chaque jour l'alchimie de la création. Quelles que soient les modifications[...]

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Écrit par

  • Annie FORGEAU : maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne, docteur d'État

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Pour citer cet article

Annie FORGEAU, « ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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