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DURANTY EDMOND (1833-1880)

Marqué par le destin d'une naissance illégitime, d'un caractère extrêmement secret et fier, Edmond Duranty fait figure de solitaire sa vie durant. On ne connaît pratiquement rien de sa jeunesse, si ce n'est qu'il la passa à la campagne chez une grand-tante qui lui servira de famille. En 1853, à vingt ans, il entre comme fonctionnaire à l'Administration générale des domaines et forêts de la Couronne. En même temps, il se lance dans la mêlée littéraire et, dès le début, s'y manifeste assez violemment en s'engageant sous l'étiquette voyante du réalisme. Disciple de Champfleury, il est, avec Courbet, Baudelaire, Gustave Planche et Jules Vallès son jeune secrétaire, Daumier, Corot, Barye, François Desnoyers, l'un des familiers de la brasserie Andler de la rue Hautefeuille, le haut-lieu de ce mouvement. En 1857, Duranty démissionne de l'administration et inaugure son entrée définitive dans le monde des lettres en fondant une revue, Réalisme, qui ne connut que six numéros, de novembre 1856 à mai 1857. Il y expose ses vues sur la doctrine de la sincérité dans l'art et part en guerre contre le romantisme et la poésie. Il se déclare partisan d'une « reproduction exacte, complète, sincère, du milieu social de l'époque où l'on vit ». En tant que critique, il collabore à divers journaux et ne tarde pas à se faire connaître comme écrivain. Il publie quatre romans : Le Malheur d'Henriette Gérard (1860), peinture de la bourgeoisie provinciale dont l'argument est la révolte d'une jeune fille mariée contre son gré à un vieillard ; La Cause du beau Guillaume (1862) qui, par l'analyse minutieuse d'une rivalité amoureuse entre un citadin et un rude braconnier, évoque la vie rurale ; Les Combats de Françoise du Quesnoy (1872) et Les Séductions du chevalier Navoni (1877), roman de mœurs italiennes. Également auteur de nouvelles, notamment La Fille dédaignée (1858), Blanche Duparc (1874), Les Six Barons de Sept-Fontaines (1876), il fait paraître d'abord toute sa prose sous forme de feuilletons dans des quotidiens. Entre-temps, Duranty obtient la concession d'un « guignol » aux Tuileries et il compose des saynètes d'une fantaisie exubérante qu'il présente lui-même et qui sont réunies dans Les Marionnettes du théâtre des Tuileries (1862). Toutefois, c'est dans ses chroniques artistiques que Duranty a dépensé le plus d'ardeur et d'activité. Déçu par la littérature, il se tourne en effet vers la peinture, devient un critique d'art reconnu et se lie d'amitié avec des peintres, en particulier avec Manet et avec Degas qui laissera un célèbre portrait de lui. Il demande une réforme de l'organisation officielle des Salons, s'attaque à l'académisme et salue les premières manifestations de l'impressionnisme. Outre ses articles dans les revues d'art et notamment dans La Gazette des beaux-arts, il est l'auteur de quelques études telles que Le Pays des arts (1881), La Nouvelle Peinture à propos du groupe d'artistes qui exposent dans les galeries Durand-Ruel (1876). Il s'est essayé encore au théâtre : en collaboration avec Paul Alexis, il écrit une farce, Mademoiselle Pomme (1877), que jouera Antoine aux premières représentations du Théâtre-Libre. Duranty a joué un rôle de pionnier dans le mouvement qui part de Courbet et de Champfleury, vers 1850, et aboutit au triomphe de l'impressionnisme et du naturalisme, vers 1880.

— Hélène LACAS

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