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DAGDA

Le dieu celtique Dagda porte quatre noms ou surnoms dans la mythologie irlandaise : Dagda (« dieu bon »), Eochaid (ivo-katu-s, « qu i combat par l'if », par allusion aux usages magiques de ce bois), Ollathir (« père puissant ») et Ruadh Rofhessa ( « rouge de la grande science »). Il correspond au Jupiter gaulois défini par César.

Il forme couple avec Ogme (gaulois Ogmios), qui est le « champion » et le dieu « lieur », pour constituer une archaïque divinité souveraine équivalente au duo Mitra-Varuna dans le Ṛgveda.

Il est le « dieu-druide », le dieu du Contrat, de l'Amitié, de tout ce qui est clair, réglé, ordonné. Il est le maître du temps — chronologique et atmosphérique —, des éléments ; dieu sage et dieu guerrier, il est aussi le maître de l'Autre Monde. Il a pour fille Brigit (« Minerve ») et pour fils Oengus (« choix unique »), appelé aussi le Mac Oc (« fils jeune »). Oengus est né des amours adultères du Dagda avec Boand (bo vinda, « vache blanche »), épouse de son frère Elcmar (autre nom d'Ogme) et éponyme de la Boyne. Dans le récit du Cath Maighe Tuireadh (« bataille de Moytura »), le Dagda a trois ou quatre mésaventures, mais c'est lui qui, avec Lug et Ogme, organise la guerre victorieuse des Túatha Dé Dánann contre les Fomoire. Il se contente cependant de s'unir à son épouse, la Mórrigan (« Grande Reine ») ou la Bodb (« Corneille »), qui est la déesse de la Guerre.

Les scribes médiévaux, transcrivant tardivement leur mythologie, l'ont évhémérisé en roi d'Irlande, le plus souvent sous le nom d'Eochaid. Les textes le décrivent comme un druide redoutable, qui est aussi un guerrier. Ses principaux attributs sont : le chaudron d'abondance et de résurrection ; la massue qui tue par un bout et ressuscite par l'autre ; la roue (symbole de la foudre et de la roue cosmique).

Il a pour résidence le Brug na Boinne ou « hôtel de la Boyne », localisé dans le tumulus protohistorique de Newgrange, mais un bref récit raconte comment son fils, Oengus, l'en déposséda par une ruse juridique : il en demanda le prêt pour un jour et une nuit. Mais un jour et une nuit sont le symbole de l'éternité et l'appropriation était définitive.

Le thème adjectival dago se retrouve dans quelques anthroponymes gaulois tels que Dago-litus (« très adonné au rite »), mais les équivalences du Dagda se distribuent entre Taranis (« tonnerre », détenteur de la roue), Sucellus (« le bon frappeur », possesseur de la massue ou du maillet) et probablement Esus (veso, « meilleur », qui reproduit le qualificatif Optimus du Jupiter romain).

— Christian-Joseph GUYONVARC'H

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Pour citer cet article

Christian-Joseph GUYONVARC'H. DAGDA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CELTES

    • Écrit par Christian-Joseph GUYONVARC'H, Pierre-Yves LAMBERT, Stéphane VERGER
    • 15 826 mots
    • 5 médias
    ...Junon et Vénus), cependant qu'il réfère tout normalement à Apollon la médecine, qui ressortit à la troisième fonction. Cela explique aussi pourquoi le Dagda, qui forme avec son « frère » Ogme, la grande divinité souveraine double (claire et sombre, comme dans l'Inde védique le duo Mitra-Varuna), a dans...
  • MAC OC

    • Écrit par Christian-Joseph GUYONVARC'H
    • 312 mots

    Appelé aussi Oengus « choix unique », le dieu celtique Mac Oc « fils Jeune » est le fils du Dagda, né de ses amours adultères avec Boand, éponyme de la Boyne, autre nom de Brigit et femme du « frère » du Dagda, Elcmar. Pour se débarrasser d'Elcmar, le Dagda l'avait envoyé en mission au...

  • SUCELLUS

    • Écrit par Christian-Joseph GUYONVARC'H
    • 353 mots

    La divinité gauloise nommée Sucellus est mentionnée dans une dizaine d'inscriptions gallo-romaines et elle est représentée sur environ deux cents monuments figurés dont la typologie générale est celle du « dieu au maillet », devenu par assimilation figurative le dieu des tonneliers. L'hiatus entre...

  • TARANIS

    • Écrit par Christian-Joseph GUYONVARC'H
    • 406 mots

    Dans l'épigraphie gallo-romaine, le nom du Jupiter gaulois apparaît sous la forme de Taranis ou Taranus, complétée par des anthroponymes théophores : Taranutius et Taranucnos (« né de Taranis »). La forme la plus ancienne est le datif gaulois taranoou dans une inscription d'Orgon...

Voir aussi