- 1. À l'origine des crises : un petit nombre de mécanismes
- 2. L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
- 3. La crise des dettes souveraines dans la zone euro
- 4. Les innovations au centre des crises
- 5. Les crises du capitalisme se multiplient mais ne se répètent pas
- 6. Début du XXIe siècle : les pays avancés piégés par les politiques néolibérales
- 7. Bibliographie
CRISES ÉCONOMIQUES (1980-2012)
- Article mis en ligne le
- Écrit par Dominique PLIHON
L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
Toutes les crises récentes n'ont pas le même degré de gravité. Les travaux récents montrent que la profondeur des crises dépend de trois séries de facteurs : d'abord, la robustesse du système bancaire ; ensuite, l'accumulation de dettes publiques et privées ; et, enfin, l'importance des innovations financières. On constate en effet que les crises financières sont d'autant plus profondes que tous les risques tendent à se concentrer sur les banques, cette situation remettant en cause la continuité du système des paiements et des relations de crédit. Si les krachs boursiers de 1987 et de 2001 n'ont pas dégénéré en crises profondes et durables aux États-Unis et en Europe, c'est qu'alors leurs systèmes bancaires n'ont pas été déstabilisés par la chute brutale des cours boursiers. En revanche, le Japon a connu une déflation durable dans les années 1990, les banques nippones ayant été fragilisées par des prises de risques excessives sur les marchés immobiliers et boursiers, en proie à des bulles spéculatives. De même, la gravité de la crise financière internationale, qui a débuté sur le marché immobilier des États-Unis en 2007, pour s'étendre ensuite en Europe et au Japon, s'explique largement par la fragilisation des grandes banques de ces pays au moment de l'effondrement de la bulle immobilière. Comme elles avaient spéculé sur les subprimes (titres représentant les crédits immobiliers américains à haut risque), elles ont alors accumulé des pertes considérables qui les ont mises en situation de défaillance.
Ce sont également les difficultés rencontrées par les banques des pays nouvellement ouverts à la finance internationale libéralisée, les « marchés émergents », qui ont provoqué les désordres financiers des années 1990. Un grand nombre de travaux ont montré que les crises financières des pays émergents étaient des « crises jumelles », c'est-à-dire qu'elles ont été provoquées par un effondrement simultané du taux de change et du système bancaire. Les banques des pays en développement deviennent en effet très vulnérables dès lors qu'elles s' endettent sur les marchés internationaux. Leur dette est libellée en monnaie étrangère (en dollar, le plus souvent), et les banques sont soumises aux variations aléatoires des taux de change, qui peuvent aggraver brutalement le coût de leur dette. Ainsi s'expliquent les nombreuses faillites bancaires qu'ont connues les pays émergents, où ces « crises jumelles » ont eu un coût social et économique considérable, atteignant jusqu'à 15 p. 100 de leur P.I.B.
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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Pour citer cet article
Dominique PLIHON. CRISES ÉCONOMIQUES (1980-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )
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