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COSTUMBRISME, littérature

Dans la littérature espagnole, le costumbrismo désigne l'intérêt porté à la description des us et coutumes (costumbres) d'une région, d'un milieu, d'une société. De façon générale, il s'agit d'une constante de la littérature espagnole depuis le Moyen Âge et la Renaissance (archiprêtre de Hita, López de Ayala, El Corbacho, La Celestina...). Au Siècle d'or, de nombreux écrivains peignent d'un trait acéré les mœurs de leur époque (romans picaresques, Quevedo, Cervantès...). Les tableaux de mœurs foisonnent dans la comedia. Toute la société du xviiie siècle est dépeinte par Torres Villarroel, Ramón de la Cruz, Moratín ou Cadalso. Au sens strict, le costumbrisme désigne l'épanouissement, au xixe siècle, du genre, plus descriptif et objectif que satirique ou moral. Après les rêveries romantiques, la grande figure de Larra (1809-1837) avait donné son impulsion à l'examen critique de la vie quotidienne avec ses Artículos de costumbres. Quelques régions attirent surtout les écrivains costumbristas. Ramón de Mesonero Romanos passe en revue Madrid, dans son Panorama matritense (1836). L'Andalousie est une région de prédilection. Estébanez Calderón, considéré comme le père du costumbrismo, la dépeint dans Escenas andaluzas (1831), de même que Fernán Caballero (Cuadros de costumbres populares andaluzas, 1852), ou Pedro Antonio de Alarcón (Cosas que fueron, 1871). La région de la Montaña, dans la cordillère Cantabrique, est minutieusement décrite par José María de Pereda (Escenas montañesas, 1864 ; Tipos y paisajes, 1871 ; El Sabor de la tierruca, 1882 ; Peñas arriba, 1894). Le costumbrismo a contribué à donner une vision idéalisée des choses d'Espagne par son lexique archaïsant, ses stéréotypes (le torero, la bailarina, les castagnettes, le sereno ou veilleur de nuit, le cesante ou fonctionnaire sans emploi, le cacique ou notable despotique...). L'image de l'Espagne à la façon de Mérimée ou de Théophile Gautier lui est redevable de ses conventions. L'influence décisive, que le costumbrismo a eue sur le développement du roman rural, ou régional, en Espagne, s'est étendue à l'Amérique latine.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. COSTUMBRISME, littérature [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean CASSOU, Corinne CRISTINI, Jean-Pierre RESSOT
    • 13 749 mots
    • 4 médias
    Une littérature, dans la suite de certaines tendances du siècle précédent, s'intéresse aux mœurs locales, se soucie de situer la peinture de la vie réelle dans son cadre social et régional : on l'appelle le costumbrismo. Elle recherche moins le pittoresque et la couleur que la vérité....
  • LARRA MARIANO JOSÉ DE (1809-1837)

    • Écrit par Jean-René AYMES
    • 1 236 mots
    ...aux carlistes (plantes parasites et proliférantes), ou aux esprits supérieurs (« hommes-montgolfières ») qui font si cruellement défaut à l'Espagne. Le costumbrismo de Larra est à dérivations successives ; il devient réflexions morales ou politiques, quand il ne signifie pas, pour Fígaro, recherche désespérée...
  • MESONERO ROMANOS RAMÓN DE (1803-1882)

    • Écrit par Daniel DEVOTO
    • 271 mots

    Fils d'un homme d'affaires, l'écrivain espagnol Mesonero Romanos géra l'entreprise paternelle et accomplit un assez long voyage en Europe, qui est évoqué dans ses souvenirs. De retour en Espagne, il consacre ses dons d'observateur à la description de la vie madrilène et publie, à partir de 1832, ses...

Voir aussi