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COPULE, logique

Du latin copula (cum apio, « attacher avec, ensemble ») : « lien », puis « lien charnel », copule désigne dans nos langues indo-européennes le verbe « être » dans sa fonction de prédication, c'est-à-dire de lien entre un sujet et un attribut, ou prédicat, au sein d'une proposition. Cette fonction copulative ne s'étend pas seulement aux verbes qui modulent ou modèrent l'affirmation du prédicat, comme « paraître », « sembler », mais, dans la perspective de la logique prédicative ouverte par Aristote, à tous les verbes sans exception, dans la mesure où ils signifient à eux seuls copule et prédicat : « Il n'y a aucune différence [...] entre l'homme est se promenant ou est coupant et l'homme se promène ou coupe » (Métaphysique, Δ, VII, 1017 a 29). Cette extension, on le voit, confère finalement au seul verbe être toute la fonction copulative, on peut même dire qu'être est le seul « verbe » proprement dit. Il importe alors de voir que ce verbe cumule dans nos langues plusieurs significations : en particulier, dès le commencement de la pensée grecque, le Poème de Parménide fait parler « être » au sens de copule (fragment 7, v. 34), mais aussi d'abord au sens d'existence (fragment 6, v. 1). De cette « confusion » que vingt-cinq siècles plus tard Kant, dans L'Unique Fondement possible d'une preuve de l'existence du Dieu, devra encore s'occuper d'éclaircir, on peut bien dire qu'elle détermine la pensée occidentale.

— Barbara CASSIN

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Pour citer cet article

Barbara CASSIN. COPULE, logique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    Une autre particularité remarquable de la langue grecque est l'usage du verbe être comme copule, c'est-à-dire comme mise en rapport d'un sujet S et d'un prédicat P dans une proposition attributive du type « S et P ». Les philosophes remarqueront assez vite que toute proposition...
  • ARISTOTE (env. 385-322 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 23 786 mots
    • 2 médias
    ...aristotélicienne – que « l'être se dit en une pluralité de sens » (Γ, 2, 1033 a 33, etc.). Ces sens se laissent le plus aisément dégager d'une analyse de la copule être dans la proposition attributive. Ce n'est pas dans le même sens que nous disons : « Socrate est homme », « Socrate est juste...
  • ÊTRE, philosophie

    • Écrit par Giulio GIORELLO
    • 4 678 mots
    ...tout simplement ce qui est différent de l'être (toute idée qui n'appartient pas à l'être : voir en particulier le Sophiste, 257 b 1-5). Enfin, la copule « est » s'emploie dans le discours pour affirmer non pas l'identité entre le sujet et le prédicat (se reporter, pour des contre-exemples,...
  • LOGIQUE

    • Écrit par Robert BLANCHÉ, Jan SEBESTIK
    • 12 972 mots
    • 3 médias
    ...sur une nouvelle définition des quatre relations syllogistiques. Leibniz en propose successivement deux versions. Dans la formulation I, il utilise la copule traditionnelle « est » et la constante « Ens » (« un être »), ce qui revient à admettre un concept suprême et des concepts vides...

Voir aussi