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CHRISTIAN X (1870-1947) roi de Danemark (1912-1947) et d'Islande (1918-1944)

Fils aîné du futur roi Frédéric VIII (1906-1912) et de Louise de Suède-Norvège, le futur Christian X entre dans l'armée en 1889, est nommé commandant de la garde, puis major général (1908). Prince royal en 1906, il règne après la mort de son père le 15 mai 1912. Le Danemark est alors un État moderne, de civilisation démocratique et pacifique, réparant les conséquences de la guerre des Duchés. Il assiste, à Malmö, à la première séance tenue par les monarques scandinaves lors de la Première Guerre mondiale pour affirmer leur neutralité (déc. 1914). Ses conseils au gouvernement radical de C. T. Zahle, de miner le Sund et les Belts, sont admis par les belligérants. Les femmes, dès 1908, ont obtenu le droit de vote dans les conseils municipaux et ruraux. Il signe, le 5 juin 1915, un amendement à la Constitution danoise modifiant les lois électorales étendant aux femmes âgées de vingt-cinq ans au moins le vote pour le Folketing. La même année, une nouvelle Constitution est accordée à l'Islande, et l'Acte fédéral du 30 novembre 1918 fait du Danemark et de l'Islande deux États souverains unis seulement par la Communauté royale et par un pacte d'union accordant aux nationaux des deux pays des droits réciproques de citoyenneté. Ce bien personnel disparaîtra en 1944, lorsque l'Islande se constituera en État indépendant. De sa propre initiative, Christian X renvoie le ministère Zahle, en minorité au Landsting (mars 1920), mais accepte ensuite, sans réserve, sa position de monarque parlementaire. De 1929 à 1940, c'est l'âge d'or des gouvernements de coalition socialistes-libéraux. Visitant le Slesvig du Nord, rétrocédé au Danemark par le traité de Versailles, il reçoit un accueil enthousiaste (juill. 1920).

Sa popularité ne fait que croître pendant le second conflit mondial : il incarne l'esprit de résistance nationale. Le Danemark, envahi par surprise par la Wehrmacht, est occupé le 9 avril 1940 ; Christian X a dû ordonner le cessez-le-feu à sa garde. Mais évinçant le Parti national-socialiste danois, il constitue un cabinet d'union avec les quatre partis traditionnels : un gouvernement théoriquement indépendant, mais plus ou moins soumis aux autorités allemandes, les forces d'occupation accaparant les produits alimentaires. Le roi et son gouvernement cèdent aussi peu que possible aux Allemands, tandis que les États-Unis peuvent s'établir au Groenland (avr. 1941). Sa sèche réponse au télégramme hitlérien du 26 septembre 1942 devrait le faire abdiquer ; mais il tient bon, poursuivant dans Copenhague ses promenades équestres. Aux élections de mars 1943, 97 p. 100 des voix vont aux partis démocratiques, répudiant la politique de collaboration d'Erik Scavenius. La S.E.R. (Special Operation Executive) de Londres prend contact avec la résistance danoise par le relais de Stockholm. Les sabotages se multiplient. Après les troubles d'août 1943, des mesures antijuives sont prises, mais le roi s'y oppose avec l'énergie la plus déterminée, menaçant de porter lui-même l'étoile jaune, et 6 000 Juifs peuvent gagner la Suède. Christian X est traité comme un prisonnier au château de Sorgenfri, puis au palais d'Amalienborg de Copenhague jusqu'à la capitulation allemande (5 mai 1945). Le 9 mai, il ouvre le Parlement libre danois. À sa mort (20 avr. 1947), son fils aîné Frédéric IX (1899-1972) lui succède. Sans quitter son pays, il a su fortifier le prestige et affirmer l'humanité de la royauté danoise.

— Claude NORDMANN

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Pour citer cet article

Claude NORDMANN. CHRISTIAN X (1870-1947) roi de Danemark (1912-1947) et d'Islande (1918-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DANEMARK

    • Écrit par Marc AUCHET, Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN, Jean Maurice BIZIÈRE, Régis BOYER, Georges CHABOT, Universalis, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN
    • 19 519 mots
    • 14 médias
    ...libre pensée, exerçant un forte influence politique sur la jeunesse universitaire, ce qui affaiblit le parti de droite sous Frédéric VIII (1906-1912) et Christian X (1912-1947). Mais l'éclatement de la gauche, dont beaucoup de membres sont antisocialistes, se poursuit. En 1903, le parti radical s'en détache....