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RENOUVIER CHARLES (1815-1903)

Philosophe français. Polytechnicien, tenté d'abord par le saint-simonisme, Renouvier publie en 1848 un Manuel républicain de l'homme et du citoyen, d'un socialisme très éclectique. En philosophie, deux problèmes l'inquiètent : le problème de l'infini, le problème du libre arbitre. Quand il parvient à les unir, son système, le « néo-criticisme », est fondé.

Ce système a été exposé dans les quatre Essais de critique générale : Traité de logique (1854), Psychologie rationnelle (1859), Principes de la nature (1864), Introduction à la philosophie analytique de l'histoire (1864). Il s'attaque à la chose en soi et ruine le vieux réalisme de la substance. Mais ce phénoménisme se distingue radicalement de l'empirisme de Hume et rejoint le criticisme de Kant. Il complète le tableau des catégories, il tranche les antinomies kantiennes en faveur des thèses, cela dans l'« intérêt » de la liberté. Les vérités premières sur lesquelles s'appuie la connaissance sont objets de croyance, non de science ; et la croyance est libre. Renouvier applique audacieusement la thèse de la liberté aux faits historiques et aux faits sociaux.

Dans ses nombreux articles de la Critique philosophique, revue fondée en 1872, il attaque l'hégélianisme, l'historicisme, la théorie du progrès fatal, l'éclectisme, le positivisme. Il refuse que la conscience morale s'incline devant cette nouvelle idole qu'est devenue l'histoire : « La moralité est la cause, la grande cause. »

Sa dernière philosophie, le personnalisme, retourne à la méthode dogmatique. C'est de Dieu même, comme d'une donnée première, que Renouvier déduit toute sa théorie. Les questions religieuses avaient toujours occupé ce penseur protestant, très anticatholique.

Signalons parmi ses nombreux ouvrages : La Science de la morale (1869), Esquisse d'une classification systématique des systèmes philosophiques (1886), Philosophie analytique de l'histoire, 4 vol. (1896-1897), Nouvelle Monadologie (1898), Victor Hugo philosophe (1900), Dilemmes de la métaphysique pure (1901), Le Personnalisme (1903).

— Jean-Louis DUMAS

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur au lysée Malherbe, Caen

Classification

Pour citer cet article

Jean-Louis DUMAS. RENOUVIER CHARLES (1815-1903) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DESCRIPTION ET EXPLICATION

    • Écrit par Jean LARGEAULT
    • 9 388 mots
    • 1 média
    ...un rapport de consécutivité ou de concomitance constante, marque l'affaiblissement du paradigme substantialiste au profit du paradigme relationnel. C.  Renouvier résume cela très clairement : « La doctrine des essences et des vertus secrètes, des causes formelles, des formes substantielles étant définitivement...
  • IDÉALISME

    • Écrit par Jean LARGEAULT
    • 9 534 mots
    ...la doctrine de l' harmonie préétablie. En ce qui concerne Berkeley, il faut supposer qu'il admet une sorte d'occasionnalisme implicite, mais, remarque Charles Renouvier (Histoire et solution des problèmes métaphysiques, 1901, chap. xxxi, p. 251), « on ne comprend pas comment la mise en accord de tous...
  • PERSONNALISME

    • Écrit par Lucien JERPHAGNON
    • 2 387 mots
    • 2 médias
    L'histoire immédiate des philosophies contemporaines de la personne commence avec le xxe siècle. Il faut y comprendre Charles Renouvier (1815-1903), pour qui la personnalité, catégorie des catégories, est l'assemblage de toutes les autres et celle qui les possèdent toutes. William Stern (1871-1938)...
  • RÉALISME, philosophie

    • Écrit par Jean LARGEAULT
    • 6 999 mots
    Renouvier rejette une histoire de la philosophie écrite comme le récit d'une évolution dont les étapes sont les systèmes particuliers, absorbés dans une série que l'auteur clôt en en proposant la somme (Hegel). La suite des systèmes est plutôt une succession de réponses à un petit nombre de questions...

Voir aussi