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ASCH CHALOM (1880-1957)

Né à Kutno (Pologne) en 1880, Chalom Asch est un des quatre grands de la littérature yiddish moderne, le plus grand peut-être si l'on en juge par son rayonnement hors du monde juif.

Bien qu'appartenant à la deuxième génération d'écrivains yiddish, il est considéré comme un classique à l'égal de ses trois principaux devanciers qui sont : Mendélé Mokher Seforim, Cholem-Aleikhem et Itzhac Leibouch Peretz.

Le chantre de la bourgade juive

Sur le plan littéraire, Asch est parti de zéro. Le seul bagage qu'il ait emporté de son Kutno natal, à l'âge de dix-huit ans, pour s'improviser maître d'hébreu, c'est une somme honorable de connaissances traditionnelles juives acquises dans les écoles religieuses, et des éléments de culture générale glanés au petit bonheur. De la littérature yiddish, il savait fort peu de choses. Sans doute avait-il entendu parler de Peretz (qui devait devenir son parrain) et du poète en vogue Abraham Reizen, avec lequel il allait, par la suite, faire un bout de chemin dans une vie de bohème famélique.

Ce jeune provincial portait cependant en lui un message qu'il était impatient de délivrer et qui lui fit brûler les étapes. Sa première œuvre fut écrite en hébreu. Il la montra à Peretz qui lui conseilla de pratiquer plutôt le yiddish. Durant plusieurs années, il œuvra tant en yiddish qu'en hébreu sans connaître à fond – grammaticalement – l'une ni l'autre de ces deux langues. On le lui reprocha sa vie durant !

Finalement, Asch opta pour le yiddish et fit aisément oublier la grammaire par une série de chefs-d'œuvre qui le classèrent parmi les auteurs marquants de la plus jeune littérature européenne.

À vingt-six ans, débordant le cadre de l'agglomération juive, il affrontait le grand public des pays voisins. Déjà, ses premières œuvres dramatiques étaient jouées à Saint-Pétersbourg et à Berlin. Ce fut le cas, entre autres, de sa pièce Le Dieu de vengeance, reprise vingt ans plus tard à Paris par le théâtre de l'Atelier.

Pendant près de soixante années, Asch ne cessa de produire. Il produisait même si vite que ses lecteurs, de plus en plus nombreux, avaient peine à le suivre. Tour à tour ou simultanément il abordait des genres variés : contes, nouvelles, récits, romans sociaux et historiques, pièces de théâtre. Conférencier pathétique, publiciste ardent, grand voyageur devant l'Éternel, Asch s'intéressait passionnément aux événements majeurs de son temps et prenait une part prépondérante à la vie culturelle et sociale de son peuple. Ce colosse manifestait une santé physique et morale à toute épreuve, de même qu'un appétit littéraire insatiable. On eût dit qu'il voulait compenser le long ostracisme qui avait frappé ses aïeux.

Son tempérament fougueux l'emportait souvent au-delà des normes admises. Il disait ne pas rechercher l'inspiration, car c'était elle qui l'entraînait. « Si, pour écrire, je devais attendre la Muse, j'aurais bonne mine ! »

Que de tempêtes il a soulevées tout au long de son orageuse carrière ! Qu'il s'agît du « Dieu de vengeance, ou du Dieu d'amour », il réussissait à provoquer une polémique qui prenait parfois des proportions regrettables.

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Classification

Pour citer cet article

Isaac POUGATCH. ASCH CHALOM (1880-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • YIDDISH

    • Écrit par Rachel ERTEL, Yitzhok NIBORSKI
    • 13 906 mots
    • 1 média
    Chalom Asch (1880-1957) fut un romancier prolixe à l'inspiration versatile. Son registre très varié le fit passer d'une écriture lyrique proche de I. L. Peretz (Dos Shtetl...) à des romans d'une veine réaliste (Motke Ganev). Le genre de la fresque sociale lui inspira sa trilogie...

Voir aussi