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VALLEJO CÉSAR (1892-1938)

Parmi les poètes de la littérature contemporaine d'Amérique latine, le nom de Vallejo est l'un des plus prestigieux. S'il n'a pas eu la chance d'obtenir la gloire internationale d'une Gabriela Mistral ou d'un Pablo Neruda, ce poète péruvien n'en doit pas moins être mis au rang des plus grands. Peu à peu déprise de la mélodie moderniste, sa voix a su éclater en accents insolites et bouleversants pour dénoncer la mort, le malheur, l'injustice ou pour clamer l'amour, la solidarité, l'espérance de l'âme. La grandeur de Vallejo est d'avoir pu assumer jusqu'à l'agonie et recréer en poésie à la fois son propre destin et le destin des opprimés, fussent-ils indiens, russes ou espagnols.

« Je suis né un jour où Dieu était malade »

César Vallejo naquit à Santiago de Chuco, petite ville de la cordillère péruvienne. Après des études secondaires à Huamachuco, il s'inscrit aux universités de Trujillo et de Lima, tout en travaillant pour gagner sa vie. Dès 1917, il se mêle aux milieux bohèmes et intellectuels de la capitale, où il se lie avec V. R. Haya de La Torre et J. C. Mariátegui. Les Hérauts noirs (Los Heraldos negros, 1919) lui valent de nombreux éloges et de vives inimitiés. Revenu en août 1920 à Santiago de Chuco, sa générosité impulsive le fait intervenir dans un conflit local. Arrêté injustement, il est emprisonné à Trujillo pendant quatre mois. En 1922, Vallejo se voit décerner le prix du Conte national avec Au-delà de la vie et de la mort (Más allá de la vida y de la muerte), recueilli en 1923 dans Escalas. Grâce à ce prix, il peut faire imprimer son second volume de vers, Trilce (1922). Selon l'expression même de l'auteur, le livre tombe « dans le vide le plus complet ». En 1923, après avoir publié Fabla salvaje et Escalas melografiadas (Échelles mélographiées), Vallejo s'embarque pour l'Europe. Jusqu'en 1930 il mène à Paris une vie laborieuse et difficile, nouant des relations avec des peintres ou des écrivains, se consacrant aussi au journalisme. En 1925 il part pour Madrid. Après une profonde crise à la fois physique et morale (1928), il va en U.R.S.S., car depuis quelque temps il s'intéresse au marxisme. Dès 1929-1930, son idéologie est clairement définie. Au retour d'un second voyage en U.R.S.S., il entreprend El Arte y la revolución et deux pièces de théâtre : El Cerbero et Moscú contra Moscú. En décembre 1930, expulsé du territoire français, Vallejo part pour l'Espagne. La seconde édition de Trilce est publiée à Madrid en 1930, avec un prologue de José Bergamín. Après la proclamation de la république en Espagne (1931), Vallejo s'inscrit au Parti communiste. Il publie alors un roman social indigéniste El Tungsteno et La Rusia en 1931. Rentré en France en 1932, après un troisième voyage en Union soviétique, Vallejo revient à la poésie avec Poemas humanos, dont les premières pièces furent écrites en Russie. Quand la guerre civile éclate en Espagne, Vallejo se lance dans une section ardente pour la cause antifasciste et écrit España, aparta de mí este cáliz (Espagne, éloigne de moi ce calice). Vallejo est mort à Paris, épuisé par une maladie déjà ancienne et par les souffrances morales qui avaient marqué son existence.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. VALLEJO CÉSAR (1892-1938) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

    • Écrit par Albert BENSOUSSAN, Michel BERVEILLER, François DELPRAT, Jean-Marie SAINT-LU
    • 16 898 mots
    • 7 médias
    On retombe dans le désespoir avec El tungsteno (1931), du Péruvien César Vallejo (1892-1938), sur l'exploitation des Indiens dans les mines, et certains romans équatoriens produits par le « groupe de Guayaquil », dont le membre le plus fameux fut Jorge Icaza (1906-1978) ; son Huasipungo...

Voir aussi