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CAROLE, danse

Terme dont la signification demeure controversée ; à rapprocher et à distinguer à la fois du carol anglais. Certains proposent une étymologie grecque : le choraulês est le joueur de flûte qui accompagnait un chœur de danse. Le mot anglais, lui-même probablement dérivé du français « carole », désigne un chant polyphonique (à 2 ou 3 voix), de rythme ternaire, mi-religieux, mi-profane (fréquemment chant de Noël) et, quoique d'élaboration savante, destiné au peuple, qu'il convenait d'édifier. Un tel chant équivaut au virelai français, à la ballata et à la lauda italiennes. En l'utilisant comme moyen d'évangélisation, les Franciscains diffusèrent largement cette forme. Lacroix-Novaro estime que carol et carole, termes dont l'origine est commune, se rattachent plus ou moins directement à des traditions magiques de l'Antiquité, où l'idée de cercle tient un rôle déterminant (on pourrait évoquer ici la carole magique par laquelle la fée Viviane retient à jamais l'enchanteur Merlin dans une prison invisible). K. Sachs défend une thèse voisine : il faut, d'après lui, se reporter au latin carolla (petite couronne). Les danseurs formaient une ronde en se tenant par le doigt, par la main ou par le poignet ; ils pouvaient aussi, cependant, constituer une chaîne, et on songe alors à la farandole, qui pourrait être une variante de la carole. Comme ronde, comme danse tournée, la carole s'opposait à l'espringale (espringerie) qui était une danse sautée (saltarello). Pour Margit Sahlin, la carole médiévale serait une procession en forme de danse grave, une sorte de marche bien rythmée, quoique sans règles chorégraphiques définies. C'est parce que le répons chanté était dérivé d'un Kyrie, eleison qu'il connut les altérations suivantes : kyriole, cariole, carole. M. F. Bukofzer rappelle enfin, à juste titre, que beaucoup de dictionnaires du xiiie siècle — dont celui de Jean de Garlande — font tous de carole la traduction française du latin chorea (danse). Les formes de la carole n'étaient pas fixes. Un des danseurs lançait une strophe qui devenait un refrain repris par tous, ou bien les chœurs répétaient un même motif, indépendant des strophes chantées par le soliste ; parfois, les instruments se substituaient aux voix (danses d'église). Au xiiie siècle, la carola fut un divertissement aristocratique, mi-chanté et mi-mimé, où étaient imbriquées, habituellement sous la forme d'un rondeau (rondet de carole), des chansons populaires.

Le mot carole, enfin, désigne aussi le pourtour intérieur d'une église, lieu du parcours des processions.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. CAROLE, danse [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DANSES D'ÉGLISE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 885 mots

    À l'origine, la danse est un art sacré, plutôt qu'un art social. Il est normal que l'Église catholique ait connu quelques formes de danses même si, au xxe siècle, une telle affirmation peut paraître surprenante. La Bible présente la danse comme signe d'adoration, de dépendance...

Voir aussi