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CANDOMBLÉ

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Les rites initiatiques

L'axé n'est pas cependant le privilège exclusif des dieux ; les hommes peuvent l'acquérir par une initiation progressive dont le premier degré est le « lavage du collier ». Cette consécration a lieu sur la pierre de l'orixá, et la tête du destinataire sera lavée avec les mêmes eaux. Elle établit aussi un lien entre celui-ci et le terreiro. Le possesseur du collier sera dès lors soumis à des obligations et à des interdits, dont le nombre ira croissant à chaque degré de l'initiation. La deuxième étape est le bori, cérémonie à l'issue de laquelle le postulant est considéré comme abiá (novice) et qui constitue une régénération périodique de l'axé. La troisième, l'initiation proprement dite, s'étend sur une longue période de claustration dans une pièce du temple, au cours de laquelle s'effectue l'assimilation, quasi inconsciente, des valeurs sacrées. La « fixation du dieu » est la cérémonie la plus importante. La tête de la novice ou du novice (iaô) est rasée ; une incision est pratiquée, où l'on place une substance au pouvoir magique élevé, l'Oxu. Puis l'iaô est présenté au public et énonce son nouveau nom. Les vêtements et accessoires qui ont servi durant l'initiation sont jetés dans un endroit isolé (rivière, plage). Les fils ou filles de saint passent alors par une période de semi-inconscience, l'erê. Le long apprentissage initiatique est comme une confrontation progressive avec les diverses facettes de l'altérité. L'entité maîtresse de la tête sera-t-elle perçue comme quelque chose de totalement étranger ou comme le modèle d'une personnalité consciemment assumée ? Il n'y a qu'une réponse possible à cette question. Quant à l'impressionnante cérémonie de l'axéxé après la mort d'une desservante, elle vise à réincorporer l'axé de la défunte dans le potentiel collectif.

Suspectés, interdits, décriés et enfin folklorisés, le candomblé et les cultes qui en dérivent imprègnent profondément le tissu social brésilien et pas seulement les couches populaires. L'umbanda, par exemple, semble circuler dans les espaces interstitiels des divers sous-systèmes culturels, jusqu'à s'approprier les discours dominants.

— Jean-Marie REMY

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Jean-Marie REMY. CANDOMBLÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Candomblé - crédits : Jan Sochor/ Latincontent/ Getty Images

Candomblé

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines

    • Écrit par
    • 3 175 mots
    • 1 média
    ...un nom catholique (saint Jérôme, Jésus, Notre-Dame des Navigateurs...). Ils sont adorés – dans des lieux de culte appelés, suivant les régions, candomblés, xangô ou batuques par des confréries, surtout féminines, dans lesquelles on entre par un rituel d' initiation, identique, en...
  • VERGER PIERRE (1902-1996)

    • Écrit par
    • 1 294 mots

    Photographe, ethnologue, historien spécialiste de la culture et des religions africaines, Pierre Verger fut tout cela à la fois, mais aucune de ces étiquettes ne parviendra jamais à cerner une vie et une œuvre qui excèdent les cadres conventionnels.

    Né à Paris le 4 novembre 1902 dans une famille...