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TRAJKOVSKI BORIS (1956-2004)

Boris Trajkovski, président de la République de Macédoine de 1999 à 2004, est né le 25 juin 1956 à Monospitovo, un petit village du district de Strumica (aujourd’hui en Macédoine du Nord), à la frontière bulgare, dans une région où existent deux minuscules paroisses protestantes. Ces Macédoniens ont été évangélisés à la fin de l'Empire ottoman par des missionnaires américains. Boris Trajkovski appartenait à l'Église évangéliste méthodiste.

Après l'obtention, en 1980, d'un diplôme en droit commercial et du travail à l'université de Skopje, il dirige le département juridique de la société de B.T.P. Sloboda. Parallèlement, il devient responsable du secteur jeunesse de l'Église méthodiste unifiée de Yougoslavie et président du conseil de l'Église évangélique méthodiste de Macédoine. Cela lui permet de se rendre régulièrement aux États-Unis, où il apprend l'anglais.

Dès 1992, quelques mois après l'indépendance de la République de Macédoine, il rejoint le parti nationaliste V.M.R.O. (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne). Sa connaissance de l'Europe occidentale et des États-Unis lui vaut la présidence de la commission des relations internationales de son parti. Pourtant, il reste un cadre moyen sans grande envergure. En 1997-1998, il devient chef de cabinet du maire de Kisela Voda, un quartier de Skopje.

Un mois après la victoire de la V.M.R.O. aux législatives de novembre 1998, il est nommé vice-ministre des Affaires étrangères. Chargé, au printemps de 1999, du délicat dossier des trois cent mille Albanais kosovars qui fuient la guerre et se réfugient en Macédoine, il se fait connaître comme un homme de dialogue et de modération.

La majorité macédonienne du pays craint alors d'être submergée par l'élément ethnique albanais. Boris Trajkovski saura calmer le jeu et, à l'été de 1999, 90 p. 100 des réfugiés auront retrouvé leur foyer. Il y gagnera d'être tête de liste de son parti à l'élection présidentielle de novembre 1999, qu'il remporte avec 53 p. 100 des suffrages. Le 15 décembre, il est investi président de la République, succédant à Kiro Gligorov, le « père de la nation ».

L'homme va alors changer de stature. Auparavant plutôt timide, naïf et sans charisme, il va se révéler dans son nouveau poste. Il s'entoure de jeunes et brillants conseillers et fait de la présidence un pôle de stabilité dans un paysage politique instable, corrompu et incompétent.

En février 2001, il doit faire face à une crise de grande envergure : la Macédoine est à son tour touchée par la guerre. Une poignée d'extrémistes albano-macédoniens venus du Kosovo se lancent dans la lutte armée contre la dernière démocratie multiethnique de la région.

Grâce à sa modération et à ses talents de négociateur, Boris Trajkovski, avec l'aide de l'Union européenne, évite que le conflit ne dégénère. Le 24 juin 2001, il arrache un cessez-le-feu et, le 8 août, il obtient la signature des accords d'Ohrid entre le gouvernement et la guérilla albanaise.

En août 2003, à Ohrid, il organise, sous l'égide de l'U.N.E.S.C.O., le Forum régional sur le dialogue entre les civilisations qui, pour la première fois, réunit tous les dirigeants des anciennes républiques yougoslaves, ainsi que leurs homologues des autres pays balkaniques.

Il est mort dans un accident d'avion le 26 février 2004 dans les environs de Mostar, en Bosnie. Cet homme de dialogue devait rencontrer à Sarajevo ses homologues des anciennes républiques de Yougoslavie pour une réunion de travail sur la coopération économique.

— Christophe CHICLET

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

Classification

Pour citer cet article

Christophe CHICLET. TRAJKOVSKI BORIS (1956-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MACÉDOINE DU NORD, anc. MACÉDOINE

    • Écrit par Maria BEZANOVSKA, Christophe CHICLET, Universalis, Blaze KONESKI, Michel ROUX
    • 7 447 mots
    • 3 médias
    L'année 1999 se finit dans un calme relatif, avec l'élection à la présidence, en novembre, d'un nationaliste modéré de la VMRO, Boris Trajkovski. Fin diplomate, il fait partie de la petite communauté protestante évangéliste macédonienne, ce qui a facilité les contacts avec l'administration américaine....