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SOUVARINE BORIS (1895-1984)

Boris Souvarine naît à Kiev le 5 novembre 1895, dans une famille pauvre ; son père est ouvrier sertisseur. Boris Lifschitz — qui trouvera son pseudonyme de Souvarine dans le Germinal de Zola — arrive en France en 1898. Autodidacte de l'aristocratie ouvrière, il obtient un diplôme d'ouvrier d'art à la veille de sa mobilisation en 1913. Attiré par les idées socialistes, il milite très tôt à la S.F.I.O., collabore au Populaire où il publie, en novembre 1916, un article destiné « à nos amis en Suisse », dans lequel il critique la réfutation des thèses de Trotski par Lénine qui lui adressera une « Lettre ouverte ». Appartenant à la génération du « feu » (son frère est mort au front en 1915), il s'engage dans le bolchevisme pour des raisons morales, par haine de la guerre, et salue avec ferveur la révolution russe de février 1917 ; il devient le correspondant parisien de la Nouvelle Vie, revue dirigée par Gorki. En compagnie de Fernand Loriot et de Pierre Monatte, il crée un Comité français pour la IIIe Internationale et fonde, en 1920, Le Bulletin communiste.

Emprisonné à la Santé en mai 1920, avec Loriot et Monatte, après la grève des cheminots, il ne participe pas au congrès de Tours, mais, présentant la scission du Parti socialiste comme une « nécessité », il rédige, dans sa cellule dont il ne sortira qu'en mars 1921, la fameuse résolution qui aboutira à la fondation du Parti communiste français. Élu au comité directeur du parti ainsi qu'au conseil d'administration de L'Humanité, il part pour Moscou, en juin 1921, pour participer au IIIe congrès du Komintern. « Intelligent, cultivé, travailleur, il avait, selon L.-O. Frossard qui ne l'aimait guère, une ambition démesurée et un incroyable entêtement. » Ces qualités lui valent d'être coopté, à l'initiative de Lénine, au comité exécutif, au secrétariat et au présidium de l'Internationale communiste. Son esprit critique le conduit à entrer en conflit, après la mort de Lénine en janvier 1924, avec les membres de la troïka : Staline, Kamenev, Zinoviev. Il défend les thèses de Trotski dont il fait publier en France l'ouvrage Cours nouveau, livre qui prône la cause de la révolution permanente contre la nouvelle doctrine du « socialisme dans un seul pays ». Zinoviev, dans le cadre d'une politique d'isolement de Trotski au sein de l'Internationale, obtient l'exclusion de Souvarine lors du Ve congrès du Komintern. Alors qu'il l'avait soutenu dans un premier temps, le Parti communiste français, pour ne pas déplaire à Moscou, prononce également son exclusion en juillet 1925.

Rentré en France, Boris Souvarine reprend la direction du Bulletin communiste — qui reparaît en octobre 1925 —, qu'il présente comme l'organe de l'opposition communiste dans un éditorial au titre révélateur de : « Exclus, mais communistes ». Durant cette période, il demeure le correspondant de l'institut Marx-Engels, dont le directeur, David Riazanov, est un ami. Souvarine continue à soutenir Trotski en reproduisant ses articles sur la Chine, en attaquant Staline et Boukharine, et en se ralliant à Kamenev et Zinoviev qui avaient été à l'origine de son exclusion. En 1929, il rompt avec Trotski. Il devient alors l'analyste critique du communisme et fonde La Critique sociale, revue des idées et des livres qui réunit Michel Leiris, Raymond Queneau, Simone Weil.

Travailleur infatigable, acharné à dénoncer la trahison de la révolution et la dérive du communisme, il entreprend la rédaction d'une biographie de Staline qui paraît en France en 1935. Cet ouvrage, dont le sous-titre — Aperçu historique du bolchevisme — témoigne de sa volonté de dépasser la critique, parfois au vitriol, du maître du Kremlin pour atteindre à une analyse du système dans son ensemble, sera[...]

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Jean-Claude MAITROT. SOUVARINE BORIS (1895-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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