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BERENSON BERNARD (1865-1959)

Pour Bernard Berenson, l'art a sans doute une histoire, mais cette histoire n'a guère d'intérêt si elle devient l'affaire d'érudits professant ex cathedra dans de sombres universités. Comme le souligne un critique, « il n'entendait à aucun prix être confondu avec les professeurs et les commentateurs laborieux [...] le lecteur des poètes l'emporte sur le fabricant de catalogues ». Comment définir alors un homme qui publia tant d'ouvrages érudits sur la peinture italienne, fut l'expert incontesté de son époque et le collectionneur le plus averti ? Il aurait sans doute récusé l'épithète de critique, voyant dans ce terme trop de rigueur et de discipline. Pour faire son portrait, il vaut mieux regarder dans les siècles passés, penser à Mariette et à sa prodigieuse collection de dessins, ou, peut-être, à ces touristes anglais qui abordèrent à partir du xviiie siècle les cités italiennes. Sans doute fut-il à la fois un curieux, un amateur et un connaisseur dont le plaisir suprême était d'être entouré de tableaux et de parler sans fin de ses merveilles à un auditoire choisi. Pouvant ainsi réduire sa vie sociale à son amour de l'art, il devint un grand seigneur dont la richesse, le savoir, l'autorité s'incarnaient et se révélaient dans les toiles de bon goût qu'il commentait.

Une vocation

Bernard Berenson est né dans une famille juive en Lituanie, où son père exerçait la profession de chaudronnier ambulant. Porté par la vague d'émigration, la famille Berenson s'installe aux États-Unis, dans la banlieue de Boston. Bernard Berenson a la possibilité de poursuivre ses études jusqu'au niveau le plus élevé ; il fréquente l'université Harvard où enseigne William James. Il se spécialise alors dans les langues anciennes ; ses condisciples lui offrent un voyage en Europe en 1887. Il ne quittera plus l'Ancien Continent. À Bergame, il découvre sa vocation : retrouver les tableaux anciens, les authentifier. Il s'installe définitivement à Florence ; dès 1903, il a publié des ouvrages qui lui assurent la notoriété auprès des universités et des marchands de tableaux. Il devient alors expert auprès d'un antiquaire de renommée internationale, Duveen. Berenson est désormais le connaisseur le plus écouté et l'acheteur le plus sûr, cela jusqu'à la crise de 1930. Ses certificats d'authenticité font autorité sur le marché des tableaux anciens. Dans sa villa I Tatti, près de Florence, il constitue une magnifique collection que viennent admirer les historiens de l'art et les élites sociales de l'Europe. Les vingt dernières années de sa vie sont consacrées à la conservation et à la rédaction d'ouvrages où se mêlent souvenirs et réflexions sur l'art. Il meurt en 1959, léguant sa collection à l'université Harvard.

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Écrit par

  • : maître de conférences de sociologie à l'université de Paris-VIII

Classification

Pour citer cet article

Henri PERETZ. BERENSON BERNARD (1865-1959) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ART (L'art et son objet) - L'attribution

    • Écrit par Enrico CASTELNUOVO
    • 6 559 mots
    • 1 média
    Un des plus grands créateurs de « noms de commodité » fut l'Américain Bernard Berenson (1865-1959), illustre connaisseur et historien de l'art italien. Pour Berenson, les notnamen traditionnels étaient, d'une certaine façon, insuffisants ; il éprouvait le désir de définir, grâce au nom, la...
  • CLARK KENNETH (1903-1983)

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 342 mots

    Fils unique d'une famille de « riches oisifs », selon sa propre expression, Kenneth Clark, qui naquit à Londres, connut une enfance insouciante, rythmée par les fastueuses parties de chasse paternelles dans la grande propriété du Suffolk et les hivers de douceur et de luxe sur la Riviera française....

  • POPE-HENNESSY JOHN (1913-1994)

    • Écrit par Adrien GOETZ
    • 923 mots

    En 1986, pour les soixante-quinze ans de sir John Pope-Hennessy, une grande exposition d'art siennois fut conjointement organisée par le Metropolitan Museum de New York et le Monte dei Paschi de Sienne. Les deux fragments de la célèbre Adoration des Mages de Sassetta (Stefano di Giovanni, vers...

  • STYLE (arts)

    • Écrit par Frédéric ELSIG
    • 2 058 mots
    ...classification botanique à l'étude des détails secondaires, révélateurs des tics d'un artiste. Sa méthode est poursuivie par le connaisseur américain Bernard Berenson, dont les listes laconiques d'attributions, formulées dès les années 1890, s'opposeront durant l'entre-deux-guerres à la prose fleurie...

Voir aussi