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BÉRÉNICE (28 env.-?) princesse juive

Fille d'Hérode Agrippa Ier, petit-fils d'Hérode et de Mariamne, Bérénice épousa, en 41, Marcus, fils d'Alexandre, alabarque d'Alexandrie et frère du philosophe Philon. Le mari de Bérénice ne tarda pas à mourir. Son père lui fit alors épouser en 46 Hérode, roi de Chalcis, qui n'était autre que l'oncle paternel de la princesse. Elle en eut deux fils : Berenicianus et Hyrcanus, mais se retrouva veuve dès 48. Le frère de Bérénice, Agrippa II, qui avait une tétrarchie au nord de la Palestine, hérita alors du royaume de Chalcis. Bérénice, âgée de vingt ans et dans tout l'éclat de sa beauté, resta auprès de son frère. La rumeur courut qu'elle entretenait avec lui des relations incestueuses. Pour faire cesser le scandale, Bérénice persuada Polémon, roi de Cilicie, de subir la circoncision et de l'épouser. Elle l'abandonna bientôt pour revenir auprès d'Agrippa II.

Quand Festus devint procurateur de Judée en 62, Agrippa II et Bérénice vinrent le saluer à Jérusalem et, à cette occasion, visitèrent saint Paul dans sa prison (Actes, xxvi). Quatre ans plus tard, lorsque le procurateur Florus eut, par ses excès, provoqué la révolte des Jérusalémites, Bérénice, qui se trouvait dans la métropole juive pour accomplir un vœu, se jeta aux pieds de Florus en l'implorant d'arrêter l'effusion de sang. Le Romain resta sourd à ses prières et Bérénice fut sur le point de subir des voies de fait. Elle se retira alors dans son palais. Peu après, Agrippa II accompagné de Bérénice exhorta les Juifs à se soumettre aux Romains au lieu de se lancer dans une guerre sans espoir. Mais la brutalité de Florus avait rendu toute conciliation impossible, et la foule tourna sa colère contre Agrippa et Bérénice qui durent quitter Jérusalem, cependant que leurs palais étaient démolis par les insurgés. Dès lors, les deux princes se comportèrent comme les alliés des Romains. Après la conquête de la Galilée, en juillet 67, Vespasien et Titus furent reçus avec beaucoup de prévenance par Agrippa et Bérénice à Césarée de Philippe, la capitale d'Agrippa. Ce fut au cours de ce séjour à Césarée que Titus conçut sa passion pour Bérénice qui était son aînée de treize ans, mais dont la beauté demeurait irrésistible. Lorsque les légions d'Égypte et de Syrie proclamèrent Vespasien empereur, en juillet 69, Bérénice gagna à la cause flavienne l'appui des princes syriens avec lesquels la famille d'Hérode était liée. Elle fit revenir en hâte Agrippa de Rome où il se trouvait et lui fit prêter serment à Vespasien. Tous deux accompagnèrent le nouvel empereur à Antioche et à Alexandrie et s'associèrent à la joie des Romains après la prise de Jérusalem. En 75, ils se rendirent à Rome. Titus logea Bérénice dans son palais. Le mariage du fils de l'empereur et de la princesse juive passait pour certain et imminent. Mais l'idée de cette union se heurta à une violente opposition populaire — dont Juvénal et Dion Cassius nous ont conservé l'écho — tant en raison du passé sentimental de la princesse que de la haine des Juifs que le grand conflit avait largement répandue dans le public. Vespasien mit un terme au scandale en enjoignant à Bérénice de quitter Rome, et Titus accepta de renvoyer la princesse « malgré lui, malgré elle ». Elle revint à Rome en 79 à la mort de Vespasien, avec l'espoir de ressaisir l'affection de Titus. Mais elle avait désormais cinquante ans ; Titus l'avait oubliée dans l'intervalle et ne la reçut point.

L'histoire de Bérénice a inspiré en particulier Racine et Corneille dont les œuvres furent toutes deux représentées à Paris en 1670.

— Valentin NIKIPROWETZKY

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Pour citer cet article

Valentin NIKIPROWETZKY. BÉRÉNICE (28 env.-?) princesse juive [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BÉRÉNICE, Jean Racine - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 967 mots
    • 1 média
    La tragédie n'est qu'un long retardement. Le Romain Titus, devenu empereur à la mort de son père Vespasien, doit quitter Bérénice. Bérénice, reine de Palestine, ne peut, selon les lois romaines, épouser l'empereur qu'elle aime pourtant profondément : « Jugez de ma douleur, moi dont l'ardeur...
  • JUSTE DE TIBÉRIADE (fin Ier-déb. IIe s.)

    • Écrit par Marguerite JOUHET
    • 292 mots

    Historien juif que nous ne connaissons que par un écrit rédigé expressément contre lui : l'Autobiographie (Vita) de son rival Flavius Josèphe. Juste, fils de Pistus, fut l'un des chefs du soulèvement galiléen contre les Romains durant la guerre juive de 66-70 : « Il brûlait de voir une...

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    • Écrit par Pierre CITTI
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    ...comme Pelléas et Mélisande (1892) ou Le Trésor des humbles (1896) de Maeterlinck sont bâtis autour de quelque chose d'inconnu et qui se tait. Bérénice, « celle qui n'est pas satisfaite », « petit enfant sauveur », enseigne que seul importe qu'on désire encore : « Reconnais en moi la petite...

Voir aussi