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SMETANA BEDŘICH (1824-1884)

Le témoin de l'âme d'un peuple

La seconde partie de la vie de Smetana commence donc sur d'heureuses perspectives. Désillusion encore ! Rien ne sera fait de sérieux en faveur de la culture tchèque. En 1862, la Diète décide de faire construire un théâtre provisoire, mais il fallut une souscription populaire pour ériger le Théâtre national : « Le Peuple à lui-même. » Smetana devient de plus en plus un musicien militant, mais il sera déçu par son propre milieu. La vie musicale s'organise néanmoins : l'orchestre de l'opéra, sous sa direction depuis 1866, donne naissance à une école symphonique tchèque qu'illustrera surtout Dvořák. Une grande école chorale naît aussi. Smetana collabore par ailleurs à la fondation du « Cercle des arts ». Depuis son séjour à Weimar, il rêvait de théâtre. Il savait que ce genre pouvait être un enjeu politique et satisfaire les aspirations populaires. Sa première œuvre, imparfaite, était déjà sans ambiguïté : Les Brandebourgeois en Bohême (1863). Vinrent ensuite La Fiancée vendue (1863-1866) et Dalibor (1866-1867), ouvrages qui illustrent parfaitement le « tchéquisme » du musicien.

Smetana fut pourtant assailli de reproches, insulté par les censeurs, accusé de wagnérisme par ceux qui ne demandaient, en fait de musique nationale, qu'une simple imitation, un calque des chansons et des danses rurales. Curieusement, l'Occident aura tendance à ne retenir de lui que le « cachet national », une sorte d'exotisme de surface masquant la synthèse réussie par Smetana des différentes facettes de l'âme tchèque. Une certaine hostilité, virulente et parfois sans pitié, l'entoura jusqu'à sa mort malgré Libuše (1871-1872), œuvre qui touche au sentiment profond de la nation tchèque, et le charme délicat que l'on trouve dans Les Deux Veuves (1873-1874), Le Baiser (1876), Le Secret (1877-1878)...

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Écrit par

  • : écrivain et musicologue, secrétaire général adjoint de l'Académie Charles-Cros

Classification

Pour citer cet article

Guy ERISMANN. SMETANA BEDŘICH (1824-1884) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • DVOŘÁK ANTONIN (1841-1904)

    • Écrit par
    • 1 288 mots
    • 2 médias

    Dans la chronologie des quatre grands compositeurs de Bohême-Moravie, Dvořák occupe la deuxième place, après Smetana (1824-1884), devançant Janáček (1854-1928) et Martinů (1890-1959). Si Smetana, l'aîné, est considéré comme le père fondateur de l'école musicale tchèque de la renaissance nationale...

  • PRAGUE THÉÂTRE NATIONAL DE

    • Écrit par
    • 1 233 mots

    Intimement lié au mouvement de renaissance culturelle et linguistique qui marqua la totalité du xixe siècle en mobilisant tout à la fois artistes et intellectuels, l' opéra occupe une place particulière dans la société tchèque depuis les années 1860. Le théâtre dramatique et le théâtre musical – essentiellement...

  • TCHÈQUE MUSIQUE

    • Écrit par
    • 1 002 mots
    • 1 média

    L'histoire musicale des pays tchèques – Bohême et Moravie – est foisonnante mais méconnue.

    Il ne subsiste pas de sources musicales antérieures à l'évangélisation par Cyrille et Méthode en Grande-Moravie (862-863). L'un des plus anciens cantiques tchèques est attribué à saint Adalbert,...