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BARBARA (1930-1997)

Traces

Depuis la disparition de Barbara, les manifestations se sont multipliées autour du souvenir de l’artiste qui a pris rang parmi les classiques de la chanson française à texte et dont de nombreux artistes se réclament. Dès 1986, puis en 2007, Marie Chaix, qui avait été sa secrétaire de 1966 à 1970, avait amorcé dans Barbaraune biographie de la chanteuse, qui par ailleurs figure en bonne place dans le Dictionnaire amoureux de la chansonfrançaise de Bertrand Dicale (Plon, 2016). En 2012, les éditions de l’Archipel firent paraître LIntégrale, rassemblant ainsi l’ensemble de ses textes.

Gérard Depardieu - crédits : Bertrand Rindoff Petroff/ Getty Images

Gérard Depardieu

À l’occasion des vingt ans de sa mort, 2017 fut véritablement une « année Barbara ». Dans une version retouchée et accompagnée de photos, Gallimard réédita Barbara, claire de nuit, écrit vingt ans auparavant par Jérôme Garcin et publié alors par les éditions de La Martinière. Alain Vircondelet fit paraître aux éditions du Rocher Chez Barbara. La dame brune, avec des dessins de Philippe Lorin. Au cours de l’année, l’actrice Juliette Binoche et le pianiste Alexandre Tharaud montèrent un spectacle intitulé Vaille que vivre (Barbara). Le pianiste réalisa également pour son compte un disque de reprises, interprétées entre autres par Juliette, Bénabar, Jane Birkin, Guillaume Gallienne et Jean-Louis Aubert, et dans lequel se font entendre les musiciens Michel Portal et Roland Romanelli. Côté cinéma, l’acteur et réalisateur Mathieu Amalric signa le film Barbara (2017), dans lequel Jeanne Balibar interprète avec une conviction passionnée le personnage de la chanteuse.

De quoi parlent les chansons de Barbara ? Du « je ne sais quoi », du « presque rien ». Il y a bien des esquisses de scénario, des lieux, des personnages. Mais pour quel rôle ? Dans quelle pièce ? La poésie dit la mémoire en archipel qui s’agrippe aux mots simples, aux visages et aux instants qui la déchirent. Elle est ce gémissement, à peine un cri, ces élans de tendresse et ces sourires dans la panique de vivre. Au-delà des distinctions de genres et d’époques, dans la voix de la tristesse romantique et la mélancolie des valses d’amour, chacun est libre d’entendre le lointain écho des vers de Louise Labé ou de Marceline Desbordes-Valmore, du phrasé troublant de Billie Holiday ou de PJ Harvey. Barbara est parvenue à la stylisation d’un chant. Énergie et fragilité, souffle bienfaisant dans le désordre de la nuit, fusion charnelle avec les roses et la glycine blanche, ses mélodies s’écartèlent entre la petite musique des déchirures enfouies et l’insolente exhibition du désir fou. Caresses furtives dans la solitude des êtres lovés dans le « creux du passé », elles font vivre pour quelques instants la merveille des attentes et du libre amour.

— Michel P. SCHMITT

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Michel P. SCHMITT. BARBARA (1930-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Barbara - crédits : Reg Lancaster/ Express/ Getty Images

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Gérard Depardieu - crédits : Bertrand Rindoff Petroff/ Getty Images

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