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ATHÉNION (mort en 101 av. J.-C.)

La Sicile, confisquée aux Carthaginois au lendemain de la seconde guerre punique, à la fin du ~ iiie siècle, devient la proie des spéculateurs romains qui transforment les riches terres à blé en pâturages destinés à l'élevage extensif. Ils confient la garde du bétail à des esclaves auxquels ils ne fournissent ni la nourriture ni les vêtements. Une première révolte d'esclaves est réprimée en ~ 134 ; en ~ 104, une seconde révolte éclate, dirigée par Salvius Tryphon d'une part et par Athénion d'autre part. Ce dernier, né en Cilicie, est au service de deux propriétaires terriens qui lui ont appris l'astromancie. Fort de sa popularité auprès de ses compagnons d'infortune, qui apprécient ses tours de magie et ses prophéties, Athénion rassemble une troupe d'esclaves grosse de dix mille hommes ; il ceint le diadème des souverains pour ne pas faire mentir les dieux qui, dit-il, lui ont prédit qu'il serait un jour roi de Sicile. Cependant, il est assez fin politique pour comprendre qu'il doit s'allier à Salvius Tryphon. Les Romains, qui ont espéré un moment que les deux chefs des esclaves entreraient en compétition, sont alors contraints d'employer d'énormes moyens pour réprimer le mouvement insurrectionnel : Lucullus se met à la tête de dix-sept mille légionnaires. Une dure bataille s'engage. Athénion, trois fois blessé, réussit cependant à s'enfuir après la déroute de ses esclaves et hérite quelques mois plus tard des pouvoirs que lui a transmis Tryphon en mourant. Athénion et son armée d'esclaves ravagent les villes, dévastent les campagnes et s'emparent d'un butin important. Lucullus puis Servilius se montrent incapables d'enrayer la progression de la révolte servile. Rome dépêche alors en Sicile un de ses consuls de l'année ~ 101, Aquilius, qui réussit à tuer Athénion.

La mort d'Athénion marque la fin de la révolte ; mais l'incapacité de la République romaine à entreprendre des réformes économiques hardies et à réviser, dans le sens d'une plus grande justice, son comportement à l'égard de la classe servile conduira au soulèvement des gladiateurs et à la célèbre révolte de Spartacus dont Athénion est en quelque sorte le précurseur.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. ATHÉNION (mort en 101 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉVOLTES SERVILES DANS L'ANTIQUITÉ - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 298 mots

    — 501 À Rome, des esclaves révoltés occupent le Capitole ; ils sont crucifiés.

    — 139-— 132 Première guerre servile de Sicile durant laquelle, sous la conduite du Syrien Eunous, les insurgés battent successivement quatre préteurs romains et forment un État sur le modèle des monarchies...

  • SPARTACUS (mort en 71 av. J.-C.)

    • Écrit par Claude LEPELLEY
    • 1 256 mots
    ...roi. Il fallut de longues opérations militaires pour en venir à bout en 132. En 104, une seconde guerre servile eut lieu en Sicile : Salvius Tryphon et Athenion armèrent 40 000 esclaves et ravagèrent toute l'île ; ce n'est qu'en 101 que les Romains purent mater les dernières bandes et envoyer les survivants...
  • TRYPHON SALVIUS dit (mort en 102 av. J.-C.)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 252 mots

    La seconde insurrection servile qui éclate en Sicile à partir de ~ 104 rassemble plus de 6 000 esclaves qui se sont donné pour roi un certain Salvius, joueur de flûte, selon Diodore de Sicile, et grand expert en sciences magiques. Salvius prétend que les dieux sont favorables à l'insurrection. Il...

Voir aussi