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ATHÉISME

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Ce que nie l'incroyant

Croire, c'est tenir pour vraie une proposition. Du point de vue psychologique, l'action de tenir pour vrai peut se manifester diversement, par des conduites ou des déclarations. Logiquement, il y a deux façons (au moins) de nier une croyance : « ne pas croire » ou « croire que ne ... pas ». En outre, la phrase « Je crois en Dieu » est l'expression d'une confiance globale qui, pour ne pas rester une simple effusion, doit inclure un « Je crois que Dieu existe ». Mais la phrase « Dieu existe » n'a que les apparences d'une proposition existentielle, car on ne peut pas désigner un quelque chose qui aurait pour prédicat « être-Dieu ». Le « Je crois » n'est pas éliminable par une démonstration ostensive, mais il doit être rendu raisonnablement acceptable par des arguments (tels que l'ordre du monde ou les événements de l'histoire sainte, etc.). Alors, que nie l'incroyant ? Il nie la crédibilité de ces arguments. Sa négation porte essentiellement sur les motifs de crédibilité. L'incroyant ne nie pas que les traditions religieuses puissent être porteuses de valeurs authentiques dont les êtres divins sont le symbole et qui méritent de passer dans l'héritage commun, mais il nie que l'on puisse prendre au sens littéral les jugements de réalité qui définissent la croyance comme telle. On peut suspendre son jugement, mais, par définition, celui qui suspend son jugement ne croit pas.

On appelle « agnostique » celui qui pense que Dieu est inconnaissable. Mais on peut être un agnostique croyant comme Kant, Kierkegaard, Karl Barth et un grand nombre de théologiens contemporains. Ou bien l'on peut être un agnostique incroyant. L'ignorance ne dispense pas de l'alternative, bien que l'aveu d'ignorance « Je n'en sais rien » soit la façon la plus modeste de ne pas croire. L'incroyant ne prétend pas connaître les secrets de l'Univers. Le problème qui se pose à lui est un problème de crédibilité. Ce problème se pose à propos de telle proposition ou de telle autre. L'examen des raisons qui supportent telle ou telle assertion exige de tous la même honnêteté intellectuelle. Quels que soient les avantages, intérieurs ou extérieurs, d'une profession de foi, on n'a pas le droit, moralement, de s'y engager si l'on n'est pas à même d'en rendre raison publiquement.

— Edmond ORTIGUES

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Pour citer cet article

Edmond ORTIGUES. ATHÉISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ALBANIE

    • Écrit par , , et
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...des touristes étrangers, possédant des livres ou des œuvres d'art officiellement réprouvés et écoutant des radios ou télévisions étrangères. En Albanie, « premier État athée du monde » depuis 1967, une centaine de religieux et de religieuses seraient morts en prison en 1981 selon une déclaration du Vatican....
  • ANTICLÉRICALISME

    • Écrit par
    • 3 484 mots

    On se gardera de confondre l'anticléricalisme avec des notions voisines pareillement exprimées en termes négatifs. L' athéisme nie l'existence de Dieu, l'anticléricalisme suspend son jugement. Il peut tout aussi bien s'allier à une négation métaphysique (dans le cas du socialisme marxiste)...

  • BACON chancelier FRANCIS (1560 ou 1561-1626)

    • Écrit par
    • 2 170 mots
    • 1 média

    Né à Londres dans une famille qui a déjà fourni à la Couronne anglaise quelques grands serviteurs mais qui n'appartient pas à la noblesse terrienne, Bacon fut élève de Trinity College (Cambridge) et étudia le droit à Gray's Inn (Londres). Il séjourna en France de 1576 à 1578 (ou 1579) auprès de l'ambassadeur...

  • CHINE - Politique religieuse

    • Écrit par
    • 6 113 mots
    ...Le Document 19 énonce explicitement l'interdiction des religions non comprises dans les cinq officiellement reconnues comme la nécessité de promouvoir l'athéisme en tout lieu excepté les lieux de culte. Mais, en même temps, ce même document affirme que la disparition des religions est un objectif...
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