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ANTONIN LE PIEUX (86-161) empereur romain (138-161)

Autant Hadrien est un voyageur infatigable, un esprit versé dans la connaissance de l'universalisme et du cosmopolitisme hellénistique, autant Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius, plus connu sous le nom d'Antonin le Pieux, qui lui succède en 138, apparaît comme un empereur tourné vers le passé, vers les vieilles traditions romaines. Né à Lanuvium, non loin de Rome, il appartient à une bourgeoisie rurale originaire de Nîmes et il aime, dit-on, faire lui-même les vendanges. Expert agronome, propriétaire d'une briqueterie, il a reçu de ses grands-pères une éducation vertueuse. Après avoir franchi les échelons du cursus honorum, il est nommé proconsul en Asie, vers 130, où Hadrien le remarque pour la sagesse de son gouvernement et pour l'autorité dont il fait preuve. Peu de temps avant sa mort, Hadrien l'adopte (à condition que lui-même adopte Marius Ælius Aurelius Verus, le futur Marc Aurèle, et Lucius Verus) et en fait son successeur désigné. Antonin le Pieux monte sur le trône impérial à l'âge de cinquante-deux ans. Aucune guerre, aucune invasion, aucune crise économique ne viennent marquer son règne qui est considéré par les historiens comme l'apogée de la Paix romaine et du siècle des Antonins. S'il n'est pas un novateur, s'il gère l'Empire avec beaucoup de prudence, Antonin le Pieux est un esprit libéral qui prend des mesures en faveur des esclaves, diminue le temps de la prison préventive et limite l'usage de la torture. Il sait inspirer confiance aux citoyens de l'Empire. Il a le goût de l'ordre. Il est, en bref, un conservateur éclairé, méritant le surnom de Pius, qui le désigne comme un homme vertueux et respectueux de la mémoire de ses ancêtres. Capitolin, dans l'Histoire auguste, a tracé de lui ce portrait : « Il avait une beauté remarquable, l'esprit brillant, des goûts modérés, beaucoup de noblesse dans le visage et d'aménité dans le caractère, une éloquence peu commune, de belles connaissances en littérature. Il était singulièrement sobre, protecteur éclairé de l'agriculture, bon libéral, point envieux du bien d'autrui et tout cela avec mesure et sans ostentation. »

Il y a du stoïcisme chez Antonin le Pieux ; son dernier mot avant de mourir est « résignation », terme redoutable de scepticisme en un moment où l'Empire sous la direction de Marc Aurèle va se trouver confronté aux périls des invasions barbares.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. ANTONIN LE PIEUX (86-161) empereur romain (138-161) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MARC AURÈLE (121-180)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 2 203 mots
    • 4 médias
    ...trois ans, il avait été remarqué, protégé, favorisé par l'empereur Hadrien. Peu avant de mourir, en 138, celui-ci, pour assurer sa succession, adopta Antonin, l'oncle par alliance du futur Marc Aurèle, en lui demandant d'adopter à son tour ce dernier, ainsi que Lucius, fils de cet Aelius Caesar qu'Hadrien...
  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - Le Haut-Empire

    • Écrit par Yann LE BOHEC, Paul PETIT
    • 35 262 mots
    • 17 médias
    Antonin (138-161) était un grand propriétaire du Latium, très riche, aussi pacifique qu'Hadrien, aussi sédentaire qu'il avait été voyageur, trop lié aux intérêts des latifondiaires italiens et provinciaux pour s'occuper du sort des classes inférieures. Profondément honnête, attaché à tous ses devoirs...

Voir aussi