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MUTTER ANNE-SOPHIE (1963- )

Anne-Sophie Mutter - crédits : Evening Standard/ Hulton Archive/ Getty Images

Anne-Sophie Mutter

La grande tradition de l'école de violon austro-allemande – issue de la filiation de Mannheim, regroupant les héritiers de Rodolphe Kreutzer (1766-1831), Joseph Mayseder (1789-1863) et Louis Spohr (1784-1859) – n'est sans doute plus dans l'air du temps. Illustrée avec éclat par les archets de Fritz Kreisler (1875-1962), Carl Flesch (1873-1944), Adolf Busch (1891-1952) et Wolfgang Schneiderhan (1915-2002), elle trouve, par la fidélité au texte musical et la simplicité du phrasé, la voie qui mène, sans les facilités et relâchements esthétiques qui offrent habituellement le succès, directement à la grandeur du style et à la noblesse de l'expression. La violoniste allemande Anne-Sophie Mutter en est l'ultime et la plus convaincante héritière.

Sous les auspices de Karajan

Anne-Sophie Mutter naît le 29 juin 1963 à Rheinfelden (pays de Bade, Allemagne), dans une famille très musicienne ; son frère Christoph sera pianiste, son second frère, Andreas, violoniste. Après avoir abordé l'étude du piano dès l'âge de cinq ans, elle se tourne très rapidement vers celle du violon, avec Erna Honigberger, une ancienne élève de Carl Flesch, et adepte de la méthode pédagogique de son maître, base de la technique moderne du violon. En 1970, la toute jeune Anne-Sophie remporte sur cet instrument le concours fédéral Jugend musiziert – avec mention spéciale –, et obtient en outre un premier prix de piano à quatre mains avec son frère Christoph. Preuve de son talent superlatif, elle remporte une seconde fois ce même concours quatre ans plus tard, en 1974. Cette même année, à la mort d'Erna Honigberger, elle est prise en charge par Aida Stucki, une autre élève de Carl Flesch, qui professe au Conservatoire de Winterthur, en Suisse.

Anne-Sophie Mutter n'a que treize ans quand Herbert von Karajan la remarque lors d'un récital qu'elle donne avec son frère Christoph au festival de Lucerne de 1976 ; le grand chef autrichien la fait venir à Berlin pour une audition. Il l'engage immédiatement pour un concert en soliste au festival de Salzbourg de 1977 : le 31 juillet, elle y interprète, avec l'Orchestre du Mozarteum, le Deuxième Concerto pour violon de Mozart (elle se produira au festival de Salzbourg presque tous les ans de 1978 à 1996, avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, l'Orchestre philharmonique de Vienne, l'Academy of St. Martin in the Fields, l'Orchestre philharmonique de New York...). En 1978, elle enregistre avec Karajan et l'Orchestre philharmonique de Berlin deux concertos pour violon de Mozart (les troisième et cinquième), et elle fait ses débuts au Royaume-Uni, se produisant à Londres avec le London Symphony Orchestra sous la baguette de Daniel Barenboim. Berlin – avec l'Orchestre philharmonique et Karajan – en 1978, Washington, New York et Chicago en 1980, Moscou en 1985 lui réservent un accueil très chaleureux. Elle se produit dès lors, malgré sa jeunesse, sous la direction de chefs réputés – Christoph von Dohnányi, Zubin Mehta, Wolfgang Sawallisch, Semyon Bychkov, Kurt Masur, Christoph Eschenbach, Neville Mariner... – et avec des solistes de renom – Yo-Yo Ma au violoncelle, Alexis Weissenberg et Krystian Zimerman au piano... En 1985, au festival d'Aldeburgh, elle joue en trio avec l'altiste Bruno Giuranna et le violoncelliste Mstislav Rostropovitch ; leur association durera plusieurs années. En 1986, elle se voit confier une classe de violon à la prestigieuse Royal Academy of Music de Londres. En 1987, elle crée une fondation – la Rudolf Eberle Foundation – destinée à venir en aide aux jeunes instrumentistes à cordes européens, renforcée, en 1997, par une autre fondation, Anne-Sophie Mutter Circle of Friends Foundation (Freundeskreis Anne-Sophie Mutter Stiftung).

Après avoir joué un Nicola Gagliano, elle utilise deux Stradivarius,[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. MUTTER ANNE-SOPHIE (1963- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Anne-Sophie Mutter - crédits : Evening Standard/ Hulton Archive/ Getty Images

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