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GARNERIN ANDRÉ-JACQUES (1769-1823)

Aéronaute et parachutiste

En avril 1798, encouragé par le retentissement de son expérience, André-Jacques Garnerin décide de frapper l’imagination populaire en effectuant une ascension avec une passagère, mais la police interdit le vol d’une femme pour raison de décence. L’aéronaute-parachutiste s’entête néanmoins dans son projet et, le 11 juillet 1798, offre son baptême de l’air à la jeune Parisienne Ernestine Henri. Celle-ci, enchantée par cette première, accomplit deux autres ascensions comme passagère, sous le Directoire, à bord de la nacelle, avant de s’enhardir en qualité d’aérostière à part entière. Au cours de son premier vol, elle emmène une autre femme, Jeanne-Geneviève Labrosse, qui ne tarde pas à la supplanter, à la fois dans la nacelle et dans la vie de Garnerin, qu’elle épousera, étant vite associée à ses ascensions. Ainsi, Jeanne-Geneviève Labrosse s’envole seule à bord d’un ballon le 10 novembre 1798. Elle est également la première femme à sauter en parachute, le 12 octobre 1799. Quant à Ernestine Henri, évincée, sa carrière, éphémère, se limite sans doute à son vol effectué avec Jeanne-Geneviève Labrosse.

Dès 1799, désormais célèbre, André-Jacques Garnerin envisage d’utiliser ses parachutes à des fins militaires, en les munissant de lampes-tempête pour illuminer les champs de bataille pendant la nuit. Il en fait d’ailleurs la démonstration, le 23 septembre 1800, au Champ-de-Mars. L’année suivante, il triomphe à Londres, Berlin et en Russie. Cependant, une mésaventure, survenue lors du couronnement de Napoléon Bonaparte, en 1804, entraîne la disgrâce de « l’aéronaute des fêtes officielles », un titre accordé par Napoléon Bonaparte : sur l’ordre de ce dernier, qui tient à donner de l’éclat à la cérémonie, André-Jacques Garnerin fait décoller de Paris un énorme ballon perdu (c’est-à-dire sans personne à son bord), richement décoré, portant notamment une couronne impériale en verres lumineux. À la nacelle classique a été substitué l’emblème d’un aigle… Hélas pour André-Jacques Garnerin, un vent violent s’empare soudain du globe et le pousse jusqu’en Italie où il se dégonfle près de Rome. Vexé, conscient d’être la risée de l’Europe, à en juger notamment par les moqueries de la presse, Napoléon voit en ce camouflet, que lui assène le destin en ce jour mémorable, un augure peu favorable ; l’aérostier fait les frais de la mauvaise humeur impériale qui lui vaut une mise à l’écart.

Le pionnier continue néanmoins à enthousiasmer les foules. En 1807, à Paris, il réalise une série d’ascensions nocturnes à bord d’un aérostat illuminé. La même année, le 22 septembre, il atterrit en Allemagne, au terme d’un vol mouvementé de 395 kilomètres accompli en sept heures. Ce record français de distance tiendra jusqu’en 1863. En 1809, Garnerin multiplie les descentes en parachute devant la cour de Russie. Il accomplit également de nombreux voyages en ballon, en particulier un périple nocturne effectué le 12 juin 1810 à Paris. Entre 1814 et 1815, à Covent Garden, il organise des représentations originales : il fait monter sa fille Blanche dans un petit ballon avant de déclencher sa descente en parachute. Ces prestations étonnantes valent à André-Jacques Garnerin le titre de « premier aéronaute du Nord ».

Le 18 août 1823, André-Jacques Garnerin meurt accidentellement à Paris, à la suite de la chute d’une poutre sur le chantier d’un nouveau ballon.

— Bernard MARCK

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Écrit par

  • : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace

Classification

Pour citer cet article

Bernard MARCK. GARNERIN ANDRÉ-JACQUES (1769-1823) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Premier saut en parachute à partir d’un ballon - crédits : Landauer Collection of Aeronautical Prints and Drawings/ Library of Congress

Premier saut en parachute à partir d’un ballon

Autres références

  • PARACHUTE

    • Écrit par Christian GRAVAT
    • 1 233 mots

    Matériel aérien, le parachute sert à décélérer aérodynamiquement la vitesse d'un mobile, laquelle peut avoir pour origine la pesanteur ou la propulsion. La décélération est obtenue en offrant au vent relatif de l'air par rapport au mobile une surface supérieure à celle de ce dernier. C'est ainsi...

Voir aussi