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TÜRKES ALPARSLAN (1917-1997)

Leader incontesté des ultranationalistes turcs pendant plus de trois décennies, Alparslan Türkes est né à Nicosie (Chypre) en 1917. Il poursuit ses études à l'école de guerre et entre dans l'armée turque en 1938. En juin 1941, la Turquie et l'Allemagne nazie signent un traité d'amitié. Alparslan Türkes, jeune officier chargé de la propagande, approuve. Alors que les agents de la Gestapo, très nombreux en Turquie jusqu'en 1944, le qualifient de « Führer du panturquisme », il comparaît devant la justice turque en 1944 pour « activités racistes ». Colonel à la fin des années 1950, il est un des principaux acteurs du coup d'État militaire du 27 mai 1960 contre le gouvernement libéral. Tenant d'une lutte à outrance contre le communisme et pour l'union de tous les Turcs des Balkans à la Chine, il échoue dans une tentative de coup d'État encore plus radical en septembre 1960. Renvoyé de l'armée, il s'exile le mois suivant.

De retour en Turquie en février 1964, il commence à infiltrer le Parti national paysan (P.N.P.) dont il prend la direction en août 1965. Deux mois plus tard, il n'obtient que 2 p. 100 des voix aux élections législatives, mais il est élu député. En mars 1968, il organise les premières manifestations de masse des ultranationalistes. Au printemps, ses militants commencent à brutaliser les étudiants de gauche et, à l'été, il organise des camps d'entraînement paramilitaire pour ses jeunesses, qui vont fonder le mouvement terroriste des Loups gris.

En février 1969, il transforme le P.N.P. en Parti du mouvement national (P.M.N.) et prend le titre de « guide suprême ». Deux mois plus tard, ses Loups gris commencent leurs expéditions meurtrières sur les campus. Mais le P.M.N. reste groupusculaire, n'obtenant que 3 p. 100 des voix aux législatives d'octobre 1969 et d'octobre 1973. Durant l'été de 1970, les Loups gris organisent une série d'attentats meurtriers.

En mars 1975, lorsque les conservateurs de Süleyman Demirel forment une coalition des droites, ils offrent deux ministères au P.M.N. Alparslan Türkes devient vice-Premier ministre en charge de la police, de l'éducation et de l'administration. Cette « respectabilité » n'empêche pas les Loups gris de s'en prendre ouvertement aux grandes organisations légales de la gauche durant l'été de 1975. En juin 1977, le P.M.N. obtient 6 p. 100 aux législatives. Türkes soutient encore un gouvernement conservateur mais n'y participe pas. En décembre 1978, ses militants sont responsables de nombreux massacres au Kurdistan. C'est l'époque où la Turquie bascule dans la guerre civile. De véritables combats de rue opposent les Loups gris à l'extrême gauche. Türkes déclare alors : « Nous devons exterminer les Kurdes, les Arméniens, les Arabes et les Juifs. »

Lors du coup d'État militaire du 12 septembre 1980, comme tous les autres partis, le P.M.N. est interdit et le guide suprême emprisonné jusqu'en 1984. En 1987, il obtient l'autorisation de reprendre ses activités politiques et transforme le P.M.N. en Parti nationaliste du travail. S'il n'enregistre que de faibles scores aux élections et si les Loups gris ont arrêté leurs actions terroristes en Turquie, les fidèles de Türkes ont cependant conquis de nouvelles positions. Leurs thèses sont relayées par le quotidien Türkiye et l'hebdomadaire Yeni Düşünce. Ils sont très présents dans le trafic de drogue, dans les services spéciaux de la police en lutte contre la guérilla kurde et dans la diaspora en Allemagne. Par ailleurs, ils se sont rapprochés des islamistes et ont obtenu des postes administratifs importants dans les gouvernements conservateurs de Tansu Ciller.

— Christophe CHICLET

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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Pour citer cet article

Christophe CHICLET. TÜRKES ALPARSLAN (1917-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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