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JUPPÉ ALAIN (1945- )

Une carrière mouvementée

Édouard Balladur et Alain Juppé - crédits : Pool Bassignac/ Stevens/ Turpin/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Édouard Balladur et Alain Juppé

Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d'Édouard Balladur (1993-1995), Alain Juppé se libère pour la première fois de son rôle d'énarque qui croit plus à la logique qu'à l'intuition, et révèle ou confirme des qualités d'homme d'État. En 1995, le voici à la fois Premier ministre et maire de Bordeaux, deux expériences qui marquent sans doute le vrai départ de son destin politique. Pourtant, à l’évidence, sa méthode de gouvernement a suscité son propre rejet par l'opinion. Le « plan Juppé » lui-même, l'ambitieux projet de réforme de la Sécurité sociale présenté à l'Assemblée nationale en novembre 1995, n'aura valu à son auteur qu'incompréhension. Jusqu'au bout, cependant, la solidarité affichée entre le chef de l'État et son Premier ministre restera sans faille. La dissolution surprise de l'Assemblée nationale, décidée au printemps de 1997 par Jacques Chirac, visait à relancer l'action d'une majorité réduite mais plus soudée. La défaite de la coalition RPR-UDF au soir du premier tour des élections législatives anticipées, le 25 mai 1997, est l'expression claire d'une sanction, d'un désaveu. Objet de toutes les critiques depuis deux ans, Alain Juppé doit laisser à Philippe Séguin et Alain Madelin la mission perdue d'avance de « sauver les meubles » de la majorité entre les deux tours. Le 6 juillet, un mois après la démission de son gouvernement, il ne peut empêcher Philippe Séguin de lui succéder à la présidence du RPR.

Le fidèle du président Chirac fait un retour remarqué dans le paysage politique national au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle d'avril 2002. C'est lui qui anime l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), transformation du RPR en une formation de droite élargie, destinée à soutenir l'action de Jacques Chirac. Rebaptisé Union pour un mouvement populaire, le nouveau parti le choisit comme président lors de son congrès fondateur le 17 novembre 2002.

Mais les affaires vont rattraper celui que Jacques Chirac avait appelé « le meilleur d'entre nous ». Mis en examen en 1998 pour abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux et prise illégale d'intérêts dans le cadre d'une enquête sur le financement du RPR par la mairie de Paris entre 1983 et 1995, il est condamné en appel à quatorze mois de prison avec sursis et à un an d'inéligibilité, le 1er décembre 2004. Abandonnant tous ses mandats, il part enseigner à l'École nationale d'administration publique de Montréal.

Son second retour en politique est rendu possible par l'élection partielle organisée à Bordeaux, qui fait suite à la démission de la majorité UMP-UDF du conseil municipal. Il est élu dès le premier tour le 8 octobre 2006 avec 56,2 % des voix, et réélu le 9 mars 2008. Entre-temps sa défaite aux législatives de juin 2007 l'a contraint à quitter le gouvernement Fillon, dont il était le numéro deux comme ministre d'État chargé de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables. Il co-préside, avec Michel Rocard, la Commission sur le grand emprunt national 2010, qui rend son rapport en novembre 2009.

Il est rappelé au gouvernement lors du remaniement de novembre 2010 et est nommé ministre d’État, en charge de la Défense et des Anciens combattants. Mais il retrouve réellement un rôle de premier plan en février 2011, en pleine période de révolte au Maghreb et au Proche-Orient, quand il remplace aux Affaires étrangères et européennes Michèle Alliot-Marie, démissionnaire, poste qu'il occupe jusqu'au changement de gouvernement, en mai 2012. En novembre 2012, après le vote contesté pour la présidence de l'UMP, il assure une médiation, sans résultat, entre Jean-François[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres classiques, médiateur du journal Le Monde
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis et Thomas FERENCZI. JUPPÉ ALAIN (1945- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Édouard Balladur et Alain Juppé - crédits : Pool Bassignac/ Stevens/ Turpin/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Édouard Balladur et Alain Juppé

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    Jacques Chirac choisit comme Premier ministre un de ses proches,Alain Juppé, secrétaire général du R.P.R., ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995. Les fortes attentes générées par le discours sur la fracture sociale et la volonté de changement vont laisser place rapidement à l'amertume et...
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  • FRANCE - L'année politique 2009

    • Écrit par Nicolas TENZER
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    ...développer l'investissement dans les secteurs jugés prioritaires. Préparé par une commission présidée par deux anciens Premiers ministres, Michel Rocard et Alain Juppé, son montant autant que son principe, compte tenu des déficits record, a fait l'objet de débats. Si le conseiller spécial du président de...
  • FRANCE - L'année politique 2004

    • Écrit par Nicolas TENZER
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    • 4 médias
    ...du gouvernement comme du groupe parlementaire U.M.P., des penchants divers, sinon incompatibles, cohabitent. Par ailleurs, les difficultés personnelles d'Alain Juppé, condamné en 2004 en première instance à dix ans d'inéligibilité et dix-huit mois de prison avec sursis – peine finalement réduite en appel,...
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Voir aussi