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VÉNÈTES

Peuple que les Grecs nomment Hénètes, et dont Homère parle dans L'Iliade, les Vénètes forment une des branches indo-européennes des grandes migrations du ~ xiiie siècle. Certains d'entre eux ont même essaimé jusqu'à Vannes et en Grande-Bretagne. On les retrouve aussi en Baltique, et dans le bassin de la Vistule. Leur langue était un dialecte indo-européen qui est connu par quelque deux cents inscriptions. Elle avait de grandes affinités avec le latin.

Les Vénètes de l'Adriatique étaient installés sur un territoire approximativement délimité à l'ouest par l'Adige, au nord par les Alpes carniques, à l'est par le fleuve Timavus, et au sud par la mer Adriatique. Dès le début du ~ iiie siècle, ils s'allient aux Romains pour combattre les Celtes, leur ennemi commun. Puis ils fournissent à l'armée romaine un contingent de troupes lors de la seconde guerre punique. Leur territoire devient sous Auguste la Xe région de l'Italie, mais les Vénètes continuent à jouir d'une grande prospérité. Les invasions barbares et notamment celles des Marcomans sous le règne de Marc Aurèle au iie siècle dévastent leur territoire. Pour échapper à ces ravages et pour se protéger, les Vénètes se réfugient sur les îles de la côte adriatique, au début du ve siècle, et en particulier à Ripa alta (Rialte, devenu Rialto) qui commerce depuis longtemps avec Padoue, autre ville vénète : c'est ainsi que commence l'histoire de Venise.

Les Vénètes de Gaule occupaient approximativement le territoire du Morbihan ; il se peut, cependant, qu'ils aient occupé également une partie du département actuel de Loire-Atlantique : à l'époque des invasions normandes, Besné, dans la région de Guérande, s'appelait Vindunita insula, et Ermold le Noir (au ixe s.) mentionne Veneda dans la même région. Les Vénètes gaulois étaient de hardis navigateurs et, de beaucoup, le peuple le plus puissant d'Armorique. Sur leur territoire débouchaient les plus longues rivières de la péninsule, la Vilaine et le Blavet. Le golfe du Morbihan ou Petite Mer pouvait abriter leur retraite éventuelle. Groix et Belle-Île étaient des « promontoires de vigie ». Leur flotte avait le monopole du trafic entre le Nord-Ouest et la Grande-Bretagne. La plupart des peuples des régions maritimes leur payaient un tribut.

Conquérir cette partie de la Gaule était important pour César, non seulement pour des raisons de prestige, mais aussi pour faciliter sa conquête ultérieure de la Grande-Bretagne. Les Vénètes feignirent de se soumettre, mais leur révolte, en fait, fut rapide. En ~ 57, César eut à faire face à quelque 220 vaisseaux vénètes, sans doute dans les parages de la presqu'île de Rhuys. Le manque de maniabilité des vaisseaux celtes fut fatal aux Vénètes. César, qui avait fait construire une flotte plus légère et bénéficiait de la trahison des Pictons et des Santons qui lui prêtèrent des bateaux, avait en outre fait armer ses navires de faux qui servirent aux Romains à déchirer les voiles des Vénètes. Selon Dion (xxxix, 43), « un grand nombre périt alors et tous les autres furent capturés. De ceux-ci César exécuta les plus éminents et vendit le reste ». Il y a cependant lieu de penser que la destruction des vaisseaux vénètes ne fut pas aussi complète que César et Dion le laissent entendre. En ~ 52, les Vénètes étaient encore assez puissants pour envoyer, à l'appel de Vercingétorix, des renforts à Alésia.

À l'époque gallo-romaine, le chef-lieu des Vénètes est Darioritum, devenu Vannes, et Gwened en breton. Toutefois, il n'est pas sûr que, initialement, Locmariaquer (« Ker » au haut Moyen Âge), c'est-à-dire « la Ville », n'ait pas été leur chef-lieu. On y a trouvé un théâtre, un autel, des villas, probablement un temple. Le réseau routier romain de la civitas était développé, et six routes au[...]

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. VÉNÈTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CÉSAR (101-44 av. J.-C.)

    • Écrit par Claude NICOLET, Michel RAMBAUD
    • 7 706 mots
    • 6 médias
    ...Manche : campagnes rapides, établissement d'une sorte de protectorat assez lâche. En 56, il s'attaqua aux Gaulois de l'Atlantique et vainquit sur mer les Vénètes, pendant que Crassus, le fils du triumvir, son légat, menait une guerre un peu à part contre les Aquitains. En 55, son projet est de passer en...
  • ITALIE - Histoire

    • Écrit par Michel BALARD, Paul GUICHONNET, Jean-Marie MARTIN, Jean-Louis MIÈGE, Paul PETIT
    • 27 498 mots
    • 40 médias
    ...rattachant, les Sabins, les Samnites, les Marses, les Volsques, les Osques et, plus au sud, les Lucaniens et les Bruttiens ; le long de la mer Adriatique, à l'extrême nord, les Vénètes, puis les Picéniens, les Apuliens, les Iapyges et les Messapiens, proches de certains peuples de l'Illyrie.
  • VANNETAIS

    • Écrit par Jean MEYER
    • 695 mots

    De toutes les entités régionales de France, le Vannetais (Bro Gwened, un des quatre « pays » de la Bretagne bretonnante) est l'une des plus stables, au point que, pour l'essentiel, le département du Morbihan se superpose assez bien à la civitas des Vénètes, devenue au haut...

Voir aussi