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GOLDBERG SZYMON (1909-1993)

La carrière de l'une des plus grandes figures du violon se révèle à nous sous une apparence bien discrète. Comme si avoir été pendant près de dix ans le premier violon de glorieuses formations démontrait un tempérament inadapté à une vie de soliste. Comme si le fait de choisir la musique de chambre face à la littérature concertante, le répertoire classique face à la musique de son temps lui retirait la moindre parcelle de talent.

Szymon Goldberg naît à Włocławek (Pologne) le 1er juin 1909. À l'âge de sept ans, il commence l'étude du violon, d'abord avec Henryk Czaplinski, puis, à Varsovie, avec Miecszysław Michalowicz, qui avait été le maître de Bronislaw Huberman. Remarqué par Wanda Landowska, il entre en 1917 dans la classe de Carl Flesch à Berlin. Il débute, en 1921, à Varsovie, dans le Premier Concerto pour violon de Paganini et, à Berlin, en 1924, avec un programme de trois concertos (Bach, Joachim et Paganini). Dès 1925, il est nommé Konzertmeister de la Philharmonie de Dresde, avant d'être appelé par Wilhelm Furtwängler au même poste à l'Orchestre philharmonique de Berlin (1929-1934). Il achète alors le violon — un Stradivarius de 1711, le Liegnitz — avec lequel il effectue ses premiers enregistrements. L'année de son mariage (1931) avec la mezzo-soprano Anna Maria Manasse — une élève de Therese Behr, l'épouse d'Artur Schnabel —, il remplace Joseph Wolfsthal, prématurément décédé, dans un trio à cordes qui rassemblait Paul Hindemith (alto) et Emanuel Feuermann (violoncelle). C'est cette formation qui crée en 1933 le Trio à cordes no 2 d'Hindemith. Il fonde même, avec quelques membres de l'Orchestre philharmonique de Berlin — Gilbert Back, Reinhard Wolf et Nikolai Graudan —, un quatuor à cordes. Mais l'arrivée des nazis au pouvoir le chasse, comme la fine fleur des musiciens juifs du temps, et de l'orchestre et d'Allemagne. Commence alors pour lui une intense activité de récitaliste — en Europe mais aussi en Palestine, au Japon, aux Indes, en Chine — et débute sa collaboration légendaire avec la grande pianiste hongroise Lili Kraus. Avec elle et l'excellent violoncelliste Antony Pini, il grave dans les années 1930 des disques consacrés à Mozart, Haydn et Beethoven qui restent aujourd'hui encore des références. Le 10 février 1938, c'est à Carnegie Hall qu'il fait ses débuts américains. En 1942, pendant une tournée en Extrême-Orient, il est arrêté par les Japonais et interné, comme Lili Kraus, dans l'île de Java jusqu'en 1945. Sa carrière redémarre en 1946, d'abord à Singapour et en Australie, puis en Amérique et en Europe. Avec le Philharmonia Orchestra et Walter Süsskind, il enregistre quelques concertos (Bach, Haydn, Mozart) sur son nouveau violon, un Guarnerius del Gesù de 1734, le Baron Vitta. De 1951 à 1966, Szymon Goldberg est l'un des principaux animateurs du festival d'Aspen (Colorado). C'est là qu'il fonde avec William Primrose (alto), Victor Babin (piano) et Nikolai Graudan (violoncelle) le Festival Piano Quartet (1954-1962) et réalise avec lui plusieurs enregistrements mémorables. Le 18 juin 1954, il joue au festival de Prades avec Pablo Casals et Rudolf Serkin un programme Beethoven dont le disque a heureusement gardé une trace partielle. Il commence alors, parallèlement à ses activités de chambriste, une nouvelle vie de chef d'orchestre à la tête de l'Orchestre de chambre néerlandais (1955-1979) — avec qui il enregistre Bach, Haydn, Mozart mais aussi Hindemith — et comme chef invité par de nombreuses formations de chambre anglaises et américaines. En 1969, il se fixe à Londres et fonde avec Radu Lupu un duo qui ne tarde pas à s'illustrer au disque dans Mozart et Schubert. Il dirige aussi, de 1977 à 1979, la Manchester Camerata. Il est nommé professeur[...]

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Pierre BRETON. GOLDBERG SZYMON (1909-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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