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VOUET SIMON (1590-1649)

La postérité a reconnu très tôt à Simon Vouet, le peintre parisien le plus important du règne de Louis XIII, un rôle décisif dans la renaissance que connaît la peinture française à cette époque : “Non seulement on luy est obligé”, écrit en 1685 André Félibien dans ses Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, “d'avoir fait revivre en France la bonne manière de peindre ; mais encore d'avoir fait un grand nombre d'élèves, dont plusieurs se sont rendus considérables dans la Peinture & dans les autres professions qu'ils ont embrassées dépendantes du Dessein”. Cet éloge, que l'auteur nuance ensuite par des critiques sévères concernant paradoxalement la “manière de peindre” de Vouet, a résisté au temps. Pour l'historiographie actuelle, qui s'efforce notamment de mieux cerner, dans une production encore abondante malgré les destructions nombreuses du passé, ce qui revient au maître et à tel ou tel de ses collaborateurs et disciples, elle demeure largement valable.

Un personnage ambitieux

Fils de Laurent Vouet, un maître peintre parisien, lui-même fils d'un fauconnier du roi d'origine champenoise, Simon Vouet appartient à la bourgeoisie aisée de la capitale. C'est à Paris qu'il reçoit son premier apprentissage, entre 1600 et 1610, probablement auprès de son père. C'est à Paris, hormis les années italiennes, que se déroulera toute sa carrière. Le personnage, qui va occuper le devant de la scène artistique française pendant tout le deuxième quart du xviie siècle, ne manque pas de relief. Toujours en mouvement, d'une activité inlassable, Vouet n'inspire pas à ses contemporains que des pensées bienveillantes : “C'est l'homme du monde qui a le plus de présomption et de bonne opinion de soi mesme, et méprise tous les autres...”, déclare en 1627 François Auguste de Thou, “un homme effréné, d'humeur gaillarde, qui cherche son avantage per fas et nefas”, lit-on dans une lettre de Gabriel Naudé au collectionneur romain Cassiano Dal Pozzo. Quelques portraits de Vouet – un dessin d'Ottavio Leoni de 1625, l'Autoportrait du musée des Beaux-Arts de Lyon, une gravure de Van Vorst d’après Van Dyck pour le célèbre recueil de L’Iconographie, et même la pénétrante effigie du maître âgé par son gendre Tortebat que conserve le château de Versailles – montrent en effet un visage spirituel, mobile, aux gros yeux globuleux attentifs et aux lèvres gourmandes. La vivacité, l'ouverture d'esprit, la finesse et la soif de réussite, voire l'avidité que ces traits font entrevoir, ni la vie ni l'œuvre à dire vrai ne les infirment. Bien au contraire. On se souvient du mot lancé par Louis XIII à l'annonce de l'arrivée de Poussin sur la scène artistique parisienne en 1640 : “Voilà Vouet bien attrapé.” Il faut se rappeler aussi que deux ans plus tard Poussin allait s'en retourner à Rome, lassé des intrigues que Vouet ne cessait de fomenter contre lui.

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Classification

Pour citer cet article

Robert FOHR. VOUET SIMON (1590-1649) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Temps vaincu</it>, S. Vouet - crédits :  Bridgeman Images

Le Temps vaincu, S. Vouet

<it>La Madone</it>, S. Vouet - crédits : Electa/ AKG-images

La Madone, S. Vouet

<it>Énée, fuyant Troie, porte son père Anchise</it>, S. Vouet - crédits :  Bridgeman Images

Énée, fuyant Troie, porte son père Anchise, S. Vouet

Autres références

  • CHAMPAIGNE PHILIPPE DE (1602-1674)

    • Écrit par Robert FOHR
    • 1 046 mots
    • 5 médias
    ...buste. À la fois brillant de coloris, majestueux de formes et d'un réalisme vigoureux mais toujours digne, le style baroque tempéré que Champaigne met alors au point est sans doute, dans le Paris des années 1630, l'alternative la plus convaincante à l'art lyrique et sensuel deSimon Vouet.
  • GENTILESCHI ARTEMISIA (1593-vers 1654)

    • Écrit par Milovan STANIC
    • 1 130 mots
    • 1 média
    ...Florence jusqu'en 1620, puis retourne à Rome pour un temps, où elle est enregistrée administrativement comme padrona di casa (propriétaire de la maison). Elle fréquente l'atelier du peintre français Simon Vouet, qui réalisa son portrait (1623), et qui exerça sur elle une visible influence. Artemisia...
  • LE SUEUR EUSTACHE (1616-1655)

    • Écrit par Alain MÉROT
    • 1 881 mots
    • 4 médias
    ...précoces et sans doute des attaches familiales lui permettent d'entrer vers 1632 dans le plus célèbre et le plus actif des ateliers de la capitale, celui de Simon Vouet, revenu d'Italie en 1627. Il y demeure plus d'une dizaine d'années et y reçoit une formation de peintre et de décorateur, qu'il complète –...
  • MELLAN CLAUDE (1598-1688)

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 1 048 mots

    Originaire d'Abbeville (Somme), patrie de nombreux graveurs de talent, Claude Mellan vit le jour en mai 1598. Son père et homonyme et un de ses frères, Philippe, étaient chaudronniers et planeurs de cuivre. Ce milieu professionnel fut probablement à l'origine de sa vocation. On ignore toutefois...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi