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SÉLÉNIUM

Propriétés chimiques

Le sélénium est capable de réagir avec de nombreux éléments pour donner des composés présentant une grande analogie avec les composés correspondants du soufre.

Le séléniure d'hydrogène rappelle le sulfure d'hydrogène. Il peut être obtenu par action d'un acide dilué, comme l'acide chlorhydrique, sur un séléniure métallique ou par chauffage à 225 0C d'un mélange de sélénium et d'hydroxyde de magnésium anhydre. Gazeux (ébullition à 42 0C), il est très toxique. Instable, il se décompose, lentement dès la température ordinaire, rapidement à 300 0C. Il brûle dans l'air. Sa solution dans l'eau se comporte comme un diacide faible. Les séléniures ont des caractéristiques proches de celles des sulfures.

Les composés halogénés du sélénium sont moins nombreux que ceux du soufre. Ils appartiennent à quatre types : Se2X2(X = Cl, Br), SeX2(X = Cl, Br), SeX4 (X = F, Cl, Br) et SeX6 (X = F). Les iodures ne sont pas connus. Les halogénures SeX2 n'ont pu être isolés : ils ne se manifestent que dans des mélanges, à l'état de vapeur, entre 200 et 500 0C. Les autres halogénures peuvent être obtenus par synthèse directe.

L'affinité du sélénium pour l'oxygène est plus faible que celle du soufre. Seuls deux oxydes sont bien connus : SeO2 et SeO3. Le dioxyde se forme par combustion du sélénium à l'air. Sa structure à l'état solide, identique à celle de SO2, est constituée de chaînes infinies en zigzag : −O−Se(O)− O−Se(O)−...−Se(O)−. Il se sublime à 315 0C sous la pression normale et fond vers 340 0C en tube scellé. Ses propriétés oxydantes, quoique peu marquées, le sont plus que celles de SO2. Ainsi SeO2 est réduit par SO2. Le dioxyde de sélénium se dissout facilement dans l'eau pour donner l'acide sélénieux ; la solution obtenue laisse déposer par concentration à la température ambiante des cristaux orthorhombiques de H2SeO3, ce qui distingue le sélénium du soufre. Il suffit d'une légère élévation de température pour que ces cristaux perdent de l'eau et redonnent SeO2. L'acide sélénieux est plus faible que l'acide sulfureux. Il lui correspond divers sels : les sélénites et les hydrogénosélénites.

L'acide sélénique H2SeO4 est obtenu par action d'un agent oxydant puissant (fluor, chlore, brome, ion permanganate, oxydation anodique, etc.) sur Se, SeO2, H2SeO3 en présence d'eau. En plus des phases H2SeO4 et H2Se2O7, les hydrates H2SeO4, xH2O (x = 1, 2, 4, 6) ont été isolés. L'acide sélénique est un diacide fort, très hygroscopique, encore plus oxydant que H2SO4. Ses sels, les séléniates et les hydrogénoséléniates, sont les homologues des sulfates et des hydrogénosulfates. Sa déshydratation s'accompagne généralement de perte d'oxygène ; aussi le trioxyde SeO3 ne peut être obtenu qu'avec difficulté par action de SO3 sur K2SeO4 ou par action d'une décharge électrique sur une suspension de sélénium dans une atmosphère raréfiée d'oxygène. Solide blanc à la température ordinaire (fusion à 118 0C), déliquescent, il semble exister sous deux formes cristallines.

Le diséléniure de carbone CSe2 est obtenu par action, vers 550-600 0C, du dichlorométhane CH2Cl2 sur le sélénium fondu. Liquide jaune or à la température ambiante (ébullition à 125 0C), il a une structure linéaire dans laquelle les atomes Se peuvent être considérés comme hybridés diagonalement. Les composés OCSe et SCSe sont de même nature.

Il existe aussi de très nombreux composés organo-séléniés comme les sélénols RSeH, les séléniures RSeR′, les sélénoxides RR′SeO, les sélénones RR′SeO2, les halogénures d'alkyl ou d'aryl sélénium RSeXn, les sélénocyanates RSeCN et aussi les séléniures hétérocycliques tel le sélénophène[...]

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Écrit par

  • : professeur de chimie physique et inorganique et de physico-chimie du solide à l'université de Limoges

Classification

Pour citer cet article

Bernard GAUDREAU. SÉLÉNIUM [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jöns Jacob Berzelius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jöns Jacob Berzelius

Autres références

  • CADMIUM

    • Écrit par Alexandre TRICOT
    • 8 050 mots
    • 6 médias
    Unmot sur le sélénium qui joue un rôle important dans l'association de ses sulfures avec ceux du cadmium. Par une coïncidence historique pour le moins assez inattendue, c'est Jöns Jacob Berzelius, chimiste suédois, un des savants précurseurs de la chimie moderne, qui, en 1817, découvrit cet élément...
  • CARLSON CHESTER FLOYD (1906-1968)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 425 mots
    • 1 média

    Physicien américain, inventeur de la xérographie, procédé de reproduction de documents utilisé dans la plupart des photocopieuses modernes.

    Après des études supérieures de physique au California Institute of Technology de Pasadena (Californie), Chester Floyd Carlson, né le 2 février 1906 à Seattle...

  • ENZYMES - Cofacteurs de l'activité enzymatique

    • Écrit par Universalis
    • 1 172 mots
    • 2 médias
    ... pour l'anhydrase carbonique. Le nickel active l'uréase ; le vanadium et le molybdène la nitrate réductase ; le cuivre la cytochrome oxydase. Le sélénium, incorporé dans les acides aminés séléno-méthionine et séléno-cystéine, joue un rôle essentiel dans l’élimination des peroxydes et le métabolisme...
  • MATIÈRE (physique) - État solide

    • Écrit par Daniel CALÉCKI
    • 8 629 mots
    • 12 médias
    Avec des atomes de sélénium, qui contiennent six électrons de valence, on peut établir deux liaisons covalentes. Les atomes de sélénium se lient ainsi les uns aux autres et se retrouvent situés sur une hélice. Pour construire un cristal, il faut encore imaginer que les hélices s'empilent parallèlement...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi