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SCYTHES

Le peuple et les coutumes

Il est difficile de déterminer les principaux traits anthropologiques des Scythes. Il s'agit, certes, de tribus iranophones, mais une communauté linguistique n'entraîne pas une homogénéité raciale. Il est vraisemblable qu'à l'image des habitants des pays massagète et sace les Scythes relèvent de l'ensemble européen. Les représentations humaines nous les montrent chevelus, trapus et le visage large, très proches des vieux paysans russes de la région, bien qu'aucune filiation n'ait été trouvée entre les Scythes et les Slaves. Leur vie quotidienne, malgré l'accumulation de faits héroïques propres aux nomades, devait être calme sur l'ensemble du territoire et le grand nombre des sédentaires voués aux tâches agricoles, agrémentées de chasse, de pêche et de commerce, et non soumis aux corvées militaires, donnait un certain équilibre à la confédération. De plus, le pays était riche et la disette inconnue, les repas souvent composés de lait fermenté (koumis), de fromage, de fèves, d'ail, d'oignon, de poissons divers et plus encore de viande de cheval ou d'agneau. Hippocrate les décrit fort agréables, aimant le vin et la bonne chère, les chants et la danse. Les amitiés se nouaient, les serments de frères d'armes se faisaient en versant du sang en commun et en buvant à la même coupe. Leur gaieté transparaît encore dans les vêtements richement ornés d'appliques de feutre et de fourrure, tuniques, casaques, pantalons et bonnets. C'est l'impression aussi que donnent des vases ornés, tel celui de Voronež (ive s. av. J.-C.). Les harnachements, toujours faits dans les meilleurs cuirs et surdécorés, recevaient les mêmes soins, car la plus grande fortune du Scythe était le cheval. Ce dernier était toujours monté et jamais attelé, les lourds chariots où vivait toute la famille en déplacement étaient tirés par des bœufs. Cavaliers, les Scythes avaient un armement léger, petit arc, flèches à pointe de bronze à trois pans, le tout porté dans un carquois accroché au côté gauche de la ceinture pour faciliter le tir en arrière, poignards courts et larges fixés à la jambe et une épée longue parfois de quatre-vingts centimètres. À des fins plus pacifiques, on faisait grand usage de lasso.

Vase, art gréco-scythe - crédits :  Bridgeman Images

Vase, art gréco-scythe

Les pratiques religieuses semblent toutes concentrées sur le rituel funéraire. Les lieux de culte devaient être situés en plein air et rien ne les distingue aujourd'hui. Les tombes, en revanche, sous tumulus, subsistent. Elles sont savamment élaborées, et les récits de funérailles relatent de longues cérémonies. Il semble bien que celles-ci se situaient à deux moments seulement de l'année, ce qui impliquait une assez longue conservation du corps qui était nettoyé, vidé, rempli d'herbes aromatisées et recousu. Au cours de la procession, les membres de la communauté, oreilles et cheveux écourtés, hurlant et gesticulant, traversaient toutes les terres du défunt, et ce durant quarante jours. On plaçait ensuite le corps dans la chambre funéraire, souvent à l'abri d'un baldaquin garni de clochettes pour écarter les mauvais esprits. Si le mort était un chef de tribu, une de ses femmes l'accompagnait en sa dernière demeure ainsi que ses proches serviteurs et ses propres chevaux. Ils étaient placés dans des tombes distinctes, tandis que l'on disposait près du mort ses coupes d'or, ses vases remplis de vin et d'huile et son chaudron rempli de viande pour l'aider lors de son dernier voyage. Une fois la sépulture scellée, on la recouvrait d'un tumulus fait de pierres et de terre. C'est ainsi que le paysage de l’Ukraine et de la Russie méridionale est parsemé de tumulus ou kourganes dans lesquels ont été trouvées les œuvres qui ont rendu célèbre l'art animalier des Scythes.

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Vadime ELISSEEFF. SCYTHES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Scythes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Scythes

Vase, art gréco-scythe - crédits :  Bridgeman Images

Vase, art gréco-scythe

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Les Scythes, qui furent connus en Asie plus souvent sous le nom de Saka, appartenaient à un conglomérat de tribus souvent nomades, habitant les confins septentrionaux du monde prétendument civilisé, décrit par les historiens classiques. Ces tribus ont joué un rôle souvent déterminant dans la destinée...
  • ĀNDHRA PRADESH

    • Écrit par François DURAND-DASTÈS
    • 1 072 mots
    • 1 média

    C'est au cœur de l'actuel Mahārāshtra, qui n'était certainement pas alors aussi aryanisé que maintenant, qu'apparaît, au ~ ier siècle, la dynastie des Sātakani, ou Shātavāhana (« fils du cheval » en mounda ?), ou Āndhrabhritya (« serviteurs des Āndhra »), ou simplement...

  • CAUCASE

    • Écrit par André BLANC, Georges CHARACHIDZÉ, Louis DUBERTRET, Universalis, Silvia SERRANO
    • 17 147 mots
    • 4 médias
    ...sont intervenus dès le début de l'ère chrétienne pour les uns, beaucoup plus tard pour d'autres, et au xviiie siècle pour les derniers, les Russes. Les Scythes et les Sarmates – des Iraniens qui n'ont jamais atteint l'Iran –, puis surtout leurs successeurs, les Alains, ont été repoussés vers les hautes...
  • EMPIRE DES STEPPES

    • Écrit par Véronique SCHILTZ
    • 786 mots

    L'expression « empire des steppes » a été rendue populaire par le titre d'un ouvrage de René Grousset, qui fut le premier à tenter, en langue française, une histoire globale des pasteurs et guerriers nomades du cœur de notre continent. Paru en 1941 et plusieurs fois réédité, son livre...

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Voir aussi